Le Tsena d’Antananarivo en 1903
devait être différent des premiers Tsena créés au XVIIe siècle.
Une fois la paix rétablie et que les Sakalava ne montent plus en Imerina, un deuxième Tsena Alakamisy (marché du jeudi) comme celui à Ambohimanga, est mis sur pied dont Andriantsitakatrandriana à la charge, car la création du Tsena d’Alatsinainy Ambazaha remonterait, dit-on, à son époque. Il continue les travaux d’endiguement, entre Anosimahavelona et Anosizato, en les confiant à ses deux fils. Il détient déjà la charge de l’Imerina quatre toko, règne pendant huit ans et meurt jeune. Pendant son règne, à l’instar d’Andrianentoarivo, certains de ses parents s’auto proclament également rois chez les Sihanaka, les Bezanozano et les Antimamo.
Andriantsimitoviaminandriandehibe (1650-1670) ou Rakoto III, son successeur, prend le prétexte de la digue d’Ankazotoho pour obliger ses deux fils à faire dévier l’eau vers la nouvelle digue et la tarir à cet endroit. Izay mahafaty rano no izy ou celui qui pourra le faire, sera comme cet arbre ambo et celui qui n’y arrivera pas, ressemblera à cet arbre ambiaty bossu. C’est à la fois son testament et le contrat qu’il prononce devant le peuple, dont l’objectif final était d’assurer la succession et l’avenir des Merina.
Le lendemain, le cadet qui réussit plus vite et sur instigation de son père, pousse son ainé dans la fange en disant : Voilà ce qui arrive à celui qui ne pourra pas gouverner car tsy mahazaka tany ou celui qui n’a pas retroussé ses manches et travailler de concert avec son vahoaka (pasteur Rainitovo). Et ce cadet était Andriamasinavalona. Le roi profite de l’événement pour fustiger les Tsimilefa (vahoaka ou peuple) au cas où certains d’entre eux osent le contredire et chercher noise à son fils désigné. Car les bénédictions ne suffisent plus à assurer la légitimité, il faut que les futurs régnants fassent preuve de leur capacité à gouverner devant le peuple.
D’après Rainitovo, c’était encore lui qui aplanit Andohalo une deuxième fois, la première a été faite par Andrianjaka pour en faire dans un premier temps Tsena d’Anjoma. Pour l'académicienne Ramisandrazana Rakotoariseheno, ce testament s’enrichit de ce nouveau contrat avec le peuple. La bonne gouvernance avant la lettre devient plus exigeante car les déséquilibres ne tardèrent plus.
En 1670, Razakatsitakatrandriana (Lambotsitakatra) monte sur le trône. Mais sa paresse était telle qu’il nomme Andriamampandry, un Loholona de l’Imerinatsimo comme chef organisateur des funérailles et du deuil de son père. Durant son court règne, un certain Andriambato s’autoproclame roi à Ambohitraina, et c’est son jeune frère qui l’attaque et le contraint à fuir vers l’Ouest.
La rupture des digues provoque une famine, et c’est encore le cadet qui exhorte les Fokonolona à colmater les brèches et, comme d’habitude, il finit avant son ainé de roi. D’après l’historienne, ce dernier a, en outre, la mauvaise réputation de corrompu et n’a aucune considération pour les Loholona et les ainés, anciens conseillers de son père. Il préfère les conseils de ses jeunes amis qui n’ont aucune expérience politique. Les Loholona conspirent alors contre lui et nomment Andriamampandry d’Andraisisa (***village à côté de Ankadivoribe sud d'Antananarivo) pour exécuter l’affaire.
Andriamampandry organise un soulèvement populaire et le souverain déchu doit s’enfuir vers Vohilena pour chercher de l’aide auprès d’Andrianamboninarivo du Boina (Boeny), fils d’Andriamandisoarivo, en lui promettant des razzias en Imerina. Mais ce dernier refuse l’offre, après avoir vu la multitude acquise à la cause d’Andriamasinavalona.
Les périodes d’affaiblis-sement du pouvoir, à cause des luttes intestines, sont des époques de dispersion. « Les forces centripètes prennent le dessus et freinent l’avancement du Fanjakana. La montée des déséquilibres ne pouvait plus être masquée. La relative paix et abondance entraîna une certaine facilité et les nombreux héritiers commencèrent à afficher leur prétention. » Les Loholona, un temps en retrait pendant les guerres contre les Vazimba et les Sakalava, montent au-devant de la scène politique pour mettre de l’ordre.
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***Andraisisa est un village très ancien situé sur une petite crête en forme d'étoile situé à 500m environ à l'est d'Ankadivoribe. Ce village constituait le fief de Ratsiseranina, frère de la Reine Rangita ou de la Reine Rafohy selon les sources. A cette époque Andraisisa s'appelait Marololo. Le site fut habité au moins jusqu'à Ralambo (vers 1575-1585) successivement par Ramanitrandranovola et Andriandranomena. Peu après cette période, on y retrouve Andriandrivotra qui offrit à Andriamasinavalona 14 corbeilles de riz en période de disette. Le souverain en fit un fief royal et la descendance d'Andriandrivotra y résida jusqu'en 1870 au moins.
Randonnées Madagascar Ortana
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Le marché d’Analakely au début du XXe siècle.
Qui dit Fête, qu’elle soit nationale à l’instar du Fandroana, du Nouvel An (Alahamady) ou chrétienne (Noël, Pâques, Pentecôte…), pour le Malgache, c’est la pire concrétisation de la pauvreté que de ne pas manger gras à cette occasion.
Oies, canards, dindes et même pintades, la volaille offre un panel de prix accessibles à toutes les bourses ménagères, que les volatiles soient vendus vivants ou non, par unité ou au kilo. Les éleveurs écoulent également à l’occasion (et directement) bœufs, porcs, moutons gras. Le tout sera apprêté selon des recettes où condiment et épices à saveur orientale sont incorporés aux ressources locales.
Évidemment, on en est plus aux agapes surnaturelles des banquets nuptiaux de la royauté, mais on fait avec ce que l’on a. Et dans tous les cas, familles aisées ou gens de condition modeste, tous honorent de leur mieux et sans lésiner les jours de fête.
Nous rappellerons ici deux menus de type ancien, celui du repas familial de la veille et celui de la journée de la fête nationale proprement dite, servis sous la royauté et même sous la colonisation, les 13 et 14 juillet. Ainsi, la veille, les membres de la famille se réunissent autour de la table où sont servis quelques plats de volaille.
L’ akoho mifahy est une poule gavées deux ou trois mois à l’avance pour qu’elle soit bien grasse. Elle est découpée en morceaux que l’on fait cuire à l’étouffée avec du gingembre (sakamalao) ou de l’ail (tongolo gasy). Si l’on a les moyens, on présente du vorombe mifahy avec cette poule gavée. C’est une oie engraissée, rôtie, sans aucun ingrédient, jusqu’à extraction de la graisse. Ou du vorombazaha, canard que l’on cuit également à l’étouffée.
Enfin et surtout, il y a le plat typique du varanga. C’est de la viande de bœuf débitée par gros morceaux, que l’on fait cuire longtemps jusqu’à ce que les fibres se détachent d’elles-mêmes. Cette préparation se conserve plusieurs mois, dit-on.
Le jour de la Fête nationale, ceux qui en ont les moyens, tuent un bœuf. Sinon, ils étalent sur la table de nombreux plats préparés pour un festin offert à leur clientèle d’amis peu fortunés et de parents venus de la campagne. Rien ne se perd du bœuf abattu à l’occasion, comme on pourra le remarquer.
Commençons par le sesika, une farce de viandes de porc et de bœuf assaisonnée d’ail et d’épices, pilée en pâte et enrobée de feuilles de courge ou de bananier. On fait cuire l’ensemble dans de la graisse. Certains utilisent aussi de la chair de volaille.
Taovan-kena isan-karazany sont les abats et les tripes de bœufs accompagnés d’autres morceaux de viande que l’on fait sauter et rissoler. À côté, nous avons le henankisoa ou viande de porc préparée aux arachides ; des queues grasses de mouton sautées à la marmite qui forment le hofak’ondry; le vavan’omby ou museau et joue de bœuf, cuit un jour entier.
À cela s’ajoutent le tongo-kisoa, pieds de porcs cuits à l’étouffée ; le karatoa, gratins ou lardons dont la graisse accompagne des choux et des tomates et qui servent de condiment; les lelan’omby, langues de bœuf mijotées avec des oignons, des petits pois et des tomates…
Sans oublier, évidemment, les fameuses feuilles de manioc pilées et cuites avec de la viande de porc, ravitoto sy henankisoa, les haricots frais avec de la viande de porc (tsaramaso lena sy henankisoa) ; ou le mélange du rôti de porc avec de l’ail vert qui donne le tongolo maitso sy henankisoa.
Du côté des produits d’eau douce ou de mer, les marakely, petites perches locales, font un plat indispensable. Les anguilles, amalona, coupées en tranches, sont disposées sur une claie de roseau au fond de la marmite et aromatisées parfois avec des brèdes odorantes. Les toho, petits poissons succulents, sont mélangés avec de la viande de porc ; d’autres sont servis sautés avec des feuilles de cresson.
Le ravimboatavo sy hen’omby est une préparation qui associe les crevettes rouges ou poissons secs avec des feuilles de courge, légumes variés et viande de bœuf. Le tout est assaisonné de tomates. De même des feuilles de patates et des tomates accommodent les poissons secs pour donner les trondro maina sy ravimbomanga.
Enfin, pour atténuer le gras, on recommande toutes sortes de bouillon.
de Pela Ravalitera Journal Express |