Le premier cheval qui fait son entrée en Imerina est un animal 
      offert en cadeau au roi Radama 1°' par le gouverneur anglais de l’île 
      Maurice, et qu’amène en Imerina l'agent anglais, James Hastie. 
      Cet animal qui ne ressemble ni aux bœufs ni aux moutons que la population 
      a l'habitude de voir est un objet d' étonnement. Mais bientôt 
      tous les grands de la cour prennent exemple sur le souverain et de nombreux 
      chevaux sont introduits sur les hautes terres. Le roi n'a pas beaucoup de 
      mal à apprendre à monter mais certains grands personnages 
      doivent mobiliser deux on trois esclaves pour accéder à la 
      selle, en descendre et surtout y rester. 
              Radama a une prédilection pour un cheval blanc et il confie 
              les soins à lui prodiguer à des officiers supérieurs 
              en qui il fait entièrement confiance. Ces derniers doivent 
              payer de leur tête, tout incident qui pourrait arriver au 
              favori. Les officiers palefreniers font donc preuve de beaucoup 
              d’attention. D'ailleurs, ils accomplissent leur travail sous 
              la surveillance directe du souverain lequel à ses moments 
              libres effectue des visites inopinées dans les écuries 
              pour voir son cheval. Les responsables doivent être en mesure 
              de répondre aux questions posées par le royal propriétaire 
              du cheval concernant les quantités de paddy que ce dernier 
              mange chaque jour, ou sur les soins qu'on lui donne. A toutes les 
              questions, les réponses des officiers doivent être 
              franches et sans hésitation ce qui prouve qu'ils maîtrisent 
              la situation et que l'animal est entre de bonnes mains, comme l'atteste 
              sa bonne santé. 
      Quand le roi se rend à Toamasina en 1827 il fait le trajet en grande 
      partie à dos de cheval. C'est également du haut de sa monture 
      qu'il passe en revue ses troupes, dans cette ville, devant la population 
      émerveillée en voyant l'animal richement harnaché. 
      Cependant, malgré la valeur de ce cheval à ses yeux, le roi 
      ne 1'inclut pas dans la liste des objets ou animaux royaux au passage desquels 
      la population est tenue de se prosterner ou de s'écarter. 
      Quand Radama tourne le dos, selon la formule consacrée, en juillet 
      1828, on abat son cheval préféré conformément 
      aux croyances qui voulaient que les morts dans l’au-delà connaissent 
      les mêmes joies que du temps ou ils étaient sur terre, en ayant 
      à leurs côtés ce qu'ils avaient de plus cher. 
      En novembre 1828 quelques mois après la disparition du roi toute 
      la cour d'Antananarivo est en émoi car la gardienne de la propriété 
      de Mahazoarivo affirme qu'elle y voit tous les soirs les ombres de Radama, 
      sur son cheval blanc et avec ses familiers, également sur leurs montures. 
      Plusieurs boeufs sont alors abattus en sacrifice pour apaiser les mânes 
      du souverain défunt et pour demander des bénédictions. |