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    Les navigations austronésiennes dans l’océan Indien

    L’histoire ancienne de Madagascar serait “la plus belle énigme du monde” pour les mieux disposés à l’égard de la culture malgache. Ce ne serait que la période des “temps obscurs” pour le commun des coloniaux et néo-coloniaux. La science officielle est donc partagée entre la bienveillance généreuse et l’hostilité culturelle, entre la sympathie à l’égard d’hommes que l’on connaît et que l’on fréquente, d’une part, et, d’autre part, le sentiment que les Malgaches appartiennent à des “races” qui ne pourraient prétendre à une humanité pleine et entière. La première position avec Hubert Deschamps peine à comprendre.
    La seconde, qui est la plus commune et qui a été la mieux diffusée par les médias depuis plus d’un siècle, imagine les scénarii les plus désobligeants.
    Les questions qu’elle pose, s’agissant des moyens, des trajets, des dates, des hommes, ont reçu des réponses qui sont souvent autant de manifestations d’incivilité, dirait-on aujourd’hui par amabilité mesurée.

     

    Comme le présageait, à la charnière des 18e et 19e siècles, le philosophe Friedrich Hegel, héritier des Lumières et partisan de la Révolution, c’est l’Europe qui donnera son histoire à une Afrique qui, stricto sensu, n’en avait pas.
    L’histoire de Madagascar a donc été conçue par le 19e siècle européen avec ses vieilles idées de l’idéologie du sang s’il y a un “bon sang qui ne saurait mentir”, il y a donc un mauvais sang qui ne peut que tromper et quelques nouvelles, telles que l’évolution des espèces vivantes selon Darwin, leur croisement créant (ou recréant) l’idée de l’existence de “races supérieures”. Et ce social-darwinisme introduisit une rupture dans les représentations européennes.
    Au début du 17e siècle, en effet, les navigateurs, qui circulaient en caravelles et croisaient des bateaux “malais” de plus grande envergure, constataient que les Malgaches parlaient une langue voisine de celle des Malais. Ils ne se posaient pas la question de savoir comment les habitants de la Grande Ile avaient fait pour venir s’installer en ce bout du monde de l’océan Indien. Ils y étaient évidemment venus en bateau. Ils ne se demandaient pas non plus ce qu’aurait été la nature de l’humanité des Malgaches. C’étaient des hommes dont Colbert et Louis XIV, avons nous vu, pensaient pouvoir faire des sujets du royaume, ayant même loi, même foi et même roi que ceux de France.
    Le 19e siècle, avec son social-darwinisme magnifié par le nationalisme, développa par contre un corps de doctrine tendant à établir une supériorité irrépréhensible des Blancs, qui les aurait conduits à la “Civilisation” à majuscule initiale et au singulier . Et c’est là le fondement de la pensée et des décisions politiques en matière de colonisation. L’histoire de Madagascar qui fut alors élaborée, et qu’il nous faut à présent corriger, n’en fut que l’application.

    Les dérives du discours minorant

    Les premiers temps de l’histoire de Madagascar sont encore bien souvent donnés pour être les “siècles obscurs” ou, pire, les “temps obscurs”, la première expression donnant une idée de durée assez longue mais sans plus, la seconde formulant une indétermination qui permet toutes les limitations possibles.
    L’ignorance des données et l’assurance de posséder la vérité permettent alors d’avancer n’importe quelle hypothèse et d’en faire le corps du récit. Et la répétition continuelle des hypothèses a fini par leur donner consistance et force d’évidence.
    Il en est ainsi des circonstances et du contexte de l’arrivée à Madagascar d’hommes venant d’Asie. On s’est interrogé sur le pourquoi de ces déplacements en élaborant des scénarii catastrophes. Ces hommes ont-ils, dans des luttes locales, peut-être tribales, été vaincus et contraints de déguerpir ? Ou bien : ont-ils été victimes d’une épidémie qu’ils auraient fuie ?
    Même ceux qui avaient en mains ce qu’il fallait pour voir juste ont alors préféré privilégier l’infériorité posée d’avance par rapport aux auteurs européens des “grandes découvertes”. Ainsi en fut-il notamment de Crawfurd qui assurait, péremptoire : “Ce n’est assurément ni le commerce, ni la religion, ni le désir de conquête qui engagea les peuples malais dans cette entreprise, car ils n’ont jamais été connus comme ayant quitté leurs rivages pour poursuivre de tels buts.”
    Cela posé, bien qu’ayant constaté que les vaisseaux malais pouvaient faire la traversée de l’océan Indien en trente-trois jours, cet auteur se demandait si le peuplement de Madagascar ne serait pas le résultat du naufrage accidentel peut-être répété au cours des âges d’un vaisseau ou d’une flottille d’écumeurs des mers malais, qu’une tempête aurait entraînés dans la zone des alizés.
    Et, plus surprenant encore, son ouvrage (paru à Londres en 1852) étant principalement une grammaire et un dictionnaire du malais, Crawfurd, ayant mené une comparaison, ne trouva d’origine malaise dans le malgache que quelques noms de plantes cultivées, qu’il s’expliquait par le fait que les flibustiers auraient “épargné quelques grains de riz, quelques noix de coco, et quelques piments sic
    , peut-être même quelques ignames et noyaux de mangue” qu’ils auraient multipliés sur les lieux de leur(s) naufrage(s).
    Le développement du thème des difficultés de la navigation prend une grande importance à partir du moment où la navigation à vapeur installe de nouvelles habitudes de régularité et de sécurité dans les trajets.
    Les Européens oublièrent alors l’aventure et les dangers qu’avaient connus les voyageurs des siècles antérieurs et ne purent concevoir que des “primitifs” aient pu accepter de les courir. La peur du civilisé devenait la terreur du primitif.
    C’est alors qu’intervient la pirogue à balancier. Ses différentes réalisations, se retrouvant dans toute l’aire austronésienne, donnent à celle-ci une unité qu’aucun auteur ne conteste vraiment. Les yeux fermés sur les grands bâtiments et leur possible ancienneté, comment envisager que des hommes, sur de “si frêles embarcations”, aient pu s’engager sur un océan inconnu pour rejoindre des terres inconnues ?
    Ayant repoussé le thème du naufrage accidentel, les savants indigénophiles se devaient de trouver une solution de rechange. C’est alors qu’intervient celle du cabotage. Partis sans espoir de retour des îles d’Asie du Sud-Est, les migrants auraient suivi les côtes de l’Inde, de l’Arabie et de l’Afrique avant d’atteindre la Grande Ile. Cet itinéraire aurait duré un certain temps, car ils auraient fait étape ici et là pour faire des cultures et renouveler leurs provisions de voyage.
    Une variante fut proposée qui, à partir de l’Inde, passait par les Maldives et les Seychelles. Elle ne fut pas retenue, car l’avantage du premier itinéraire, outre qu’il évitait les grandes étendues marines, résidait aussi dans le fait qu’il permettait nous y reviendrons de donner une origine africaine aux types noirs de la population malgache.
    Se posait cependant la grande question de la chronologie : à quelles dates se seraient donc situées les premières arrivées ? Alors qu’en dehors de toute autre préoccupation que celle de l’évolution du milieu naturel, la biogéographie d’ailleurs rejointe par l’anthropologie physique envisageait une première arrivée vers 2 500 ans avant notre ère et une occupation humaine continue de quarante-cinq siècles, la plupart des historiens et des plumitifs les situaient bien plus près de nous.
    Par une analyse approfondie mais limitée de faits de langue, le savant Otto Dahl, qui supposait un unique foyer de départ le pays maanjan , les datait du 4e siècle de notre ère. Des données de l’archéologie, un archéologue défendait encore récemment la date du 10e siècle de notre ère, malgré des datations absolues plus anciennes dont il avait plus que quiconque connaissance, en étant co-auteur.

    Le réseau commercial austronésien

    Le conflit entre chronologie longue et chronologie courte indique assez bien la nature quasi politique du débat. L’ancienneté de la présence assurant la légitimité de la possession, si les Malgaches n’étaient pas présents de longue date sur le sol de la Grande Ile, ils n’auraient guère eu plus de droits que les colonisateurs.
    Par hypercriticisme scientifique, la recherche administrative penchait donc vers la chronologie courte. Déjà, à la fin du 19e siècle, l’architecte Anthony Jully, futur premier président de l’Académie malgache, datait du 17e siècle l’arrivée des ancêtres des reines auxquelles s’était heurtée la France. Leur arrivée aurait été contemporaine de la “prise de possession” de Fort-Dauphin par Louis XIV !

    Qu’en fut-il vraiment de tout cela? Deux traversées récentes jusqu’à Madagascar, l’une organisée par un descendant des Vikings, l’autre par des marins indonésiens, ont voulu prouver que le trajet en ligne directe était faisable avec les moyens anciens.
    La première fut faite avec le “Sarimanok”, une très grande pirogue à voile reconstituée à partir des modèles utilisés dans l’ancienne flotte des Philippines. La seconde, celle de l’“Amanagapa”, se voulut à la fois plus authentique et plus digne de la science ancestrale de la navigation.

    La démonstration n’a pas totalement convaincu, car les marins qui les dirigèrent avaient malgré tout des connaissances que n’avaient pas pu avoir les hommes du lointain passé. Ainsi, pour emporter l’adhésion des sceptiques, mieux vaut encore arguer de ces migrations et voyages précédemment évoqués et qui ont diffusé le complexe néolithique de l’Asie du Sud-Est dans un espace immense, celui du Pacifique, pour lequel nul ne songerait à évoquer le cabotage.
    Et l’on peut, s’il le faut pour faire bonne mesure, en appeler aux témoignages écrits, et plus proches de nous, des chroniqueurs de la marine héritière mais rivale, à savoir la marine arabo-persane qui ne l’emportera qu’à partir du 13e siècle, car ceux-ci attestent, pour la période du 9e au 13e siècle, de l’existence d’une marine hauturière austronésienne et/ou déjà proprement malgache tant dans le canal de Mozambique que pour la liaison directe de Madagascar à Aden en navire à balancier, que les boutres arabes ne pouvaient relier qu’en trois étapes, s’arrêtant successivement à Quiloa, puis à Mogadiscio.

    Les sources grecques et romaines, quant à elles, attestent qu’antérieurement au moins depuis l’époque d’Hérodote, au 5e siècle avant notre ère, et au moins jusqu’au milieu du 7e siècle après, à s’en rapporter aux registres des douanes romaines, la marine austronésienne avait établi dans l’océan Indien un réseau commercial qui faisait négoce des plantes médicinales, condimentaires et aromatiques que procurait une collecte dans les milieux naturels de l’Asie du Sud-Est au départ, de Madagascar en appoint ultérieurement : ce fut la “route du cinnamome” mise en évidence par Miller et dont l’itinéraire par l’est et le sud de Madagascar était en partie liée à la stratégie commerciale, les Austronésiens désirant cacher leurs lieux d’approvisionnement.

    Outre les épices et les simples, ce commerce, bien sûr, concernait aussi d’autres produits. Parmi les plus importants figurait la soie, dont le négoce, selon les sources méditerranéennes, se trouvait entre les mains des Sères les “hommes de la soie” qui, pour l’époque, étaient encore des Austronésiens et non des Chinois. Car il faut dire que le travail de la soie était déjà attesté au 4e millénaire avant notre ère dans le sud de ce qui est aujourd’hui l’espace chinois.
    Et de même qu’on n’est pas sans connaître l’existence d’une “route de la soie” du sud, qui passait par la mer, de même sait-on que l’arrivée annuelle des tissus de soie à Rome intéressait au plus haut point l’empereur Auguste et sa famille.

    Mais ces Sères, à en croire Héliodore, savaient aussi se saisir des opportunités offertes par le marché. C’est ainsi qu’il les présente fournissant l’armée “éthiopienne” en éléphants d’Asie qui, à la différence de ceux d’Afrique, sont domesticables et dressables pour de multiples tâches. Et non seulement ils les transportaient en bateau jusqu’au port d’Adulis sur la mer Rouge, qui fut aménagé à cet effet, mais c’étaient également eux qui, pendant un temps les conduisirent et les manœuvrèrent en tant que mercenaires, comme ils le faisaient d’ailleurs couramment en certaines armées d’Asie du Sud-Est.

    Cela dit, si les êtres humains transportés vers le bassin occidental de l’océan Indien étaient probablement pour la plupart des migrants volontaires, il n’en était en revanche pas de même de certains passagers (beaucoup ?) des voyages de retour, dont au moins une source chinoise des débuts de notre ère s’étonnait que les Austronésiens fassent commerce, au même titre que l’ivoire, les peaux de bête, l’ambre gris ou les holothuries. Il s’agissait, diront plus tard des sources arabo-persanes, d’esclaves zandj arrachés à l’Afrique de l’Est et à la Corne d’Afrique et faisant ainsi apparaître les Austronésiens comme ayant eux aussi commis le péché capital de traite négrière encore qu’on ne sache pas toujours vers quelle destination, outre le Moyen-Orient, les premiers esclaves zandjs reconnus à la cour impériale de Chine n’y étant arrivés qu’au 7e siècle.

    Versant occidental de celui qui conduisait vers la Chine, le réseau qui fit de l’océan Indien une Méditerranée austronésienne, ne se constitua sans doute pas en un seul voyage, pas plus que les Européens n’ont découvert en un seul jour les côtes africaines, l’Amérique et les Indes orientales. Il va de soi que l’établissement de ce commerce austronésien transocéanique a demandé la recherche simultanée de routes et de marchés par des voyages de découvertes, des explorations et des négociations. Et pour la période antérieure à ces attestations, les recherches à venir ne doivent pas écarter des relations plus anciennes encore avec l’Egypte pharaonique.

    C’est donc dans un espace océanique reconnu que se firent les établissements austronésiens. Circonstanciellement, les scénarii catastrophes ont pu jouer. Mais fondamentalement, l’on a affaire à l’aboutissement vers l’ouest d’un vaste mouvement historique de peuples à qui les progrès du néolithique assuraient la croissance démographique, et la mise en valeur des milieux naturels la puissance économique.

    Voilà les clefs qui éclairent la “plus belle énigme du monde”. La difficulté se trouvait peut-être même moins dans l’ignorance où l’on était des données de l’histoire ancienne que dans l’imaginaire impérialiste et ses fantasmes de supériorité. Les Malgaches n’avaient pas débarqué dans la Grande Ile après avoir dérivé sur l’océan Indien; ce qui avait dérivé, c’était l’esprit de ceux qui en écrivaient.

    La question égyptienne

    Il est, dans toute recherche, des domaines inexplorés que l’on découvre peu à peu. Pour la connaissance du passé, l’historiographie, étude de ce qui fut écrit sur le passé et donc histoire de l’histoire, montre que les débuts d’une histoire particulière sont toujours “dépassés” par des découvertes qui inscrivent les faits connus dans une chronologie plus longue.
    Il en est ainsi des relations du monde austronésien avec le monde méditerranéen. Avec certitude, on peut les dater au moins du 5e siècle avant notre ère. Mais elles peuvent être plus anciennes.

    Il nous a été, en effet, signalé que les Égyptiens de l’époque pharaonique avaient utilisé la cannelle, plante endémique d’Asie du Sud-Est, dans la momification des corps. L’on nous dit aussi que la barque funéraire de la reine Hatchepsout était un bateau “cousu”. S’il en était ainsi, les relations directes ou indirectes des Austronésiens avec le Nord-Est de l’Afrique remonteraient à un passé plus lointain et auraient été d’importance, car dans le marché des pompes funèbres, la demande ne subit pas de récession et les besoins égyptiens en aromates devaient demeurer constants.

    Pour assurer les conclusions possibles, il faudrait bien connaître les techniques de momification et la nomenclature des aromates dans la langue de l’Egypte ancienne. De même faudrait-il étudier, face à la curieuse similitude avec les bateaux austronésiens, les techniques de construction des bateaux égyptiens. Les anciens Égyptiens, à ce qu’on admet couramment, ne furent pas marins, mais ils construisaient des bateaux pour circuler sur le Nil, seule grande voie de communication et de transport en l’absence de route dans un pays qui ignora longtemps la roue, le chariot mais aussi le fer. Ces bateaux faisaient partie du mobilier funéraire que les défunts emportaient avec eux.

    Reste que la reine Hatchepsout, qui assura une régence bien connue à la mort de son mari c’était au 16e siècle avant notre ère, dirigea bien une expédition maritime sur la côte somalienne au delà du détroit du Bab el-Mandeb.
    Le récit en est fait sur des bas-reliefs du temple de la reine à Deir el-Bahari. Si l’ensemble des faits signalés était bien confirmé, cela allongerait d’un millénaire les relations commerciales avec l’Asie du Sud-Est et entraînerait bien des révisions dans la reconstruction de l’Histoire.

    Jean-Pierre Domenichini et Bakoly D. Ramiaramanana
    http://www.ile-bourbon.net


    LES MERINA

    * Les Merina constituent l'un des quelque vingt groupes ethniques (foko) ou nations autochtones occupant de nos jours l'île de Madagascar. Leur pays d'origine, l'Imerina se trouve au centre de l'île, dans la partie nord de la région des hautes terres. Leur capitale traditionnelle est la ville d'Antananarivo, fondée vers la fin du XVIe siècle.
    * Les Merina proprement dits (à savoir les descendants des anciens Hova et des Andriana ; on les qualifie aussi familièrement de Tsalo, par allusion à leur type asiatique prononcé et à leur chevelure ordinairement droite) représentent la moitié environ des habitants actuels de l'Imerina, soit une population de l'ordre de deux millions de personnes.


    Un peuple extraordinaire

    * En les visitant pour la première fois en 1895, le journaliste français J.Carol ne trouva rien de mieux que de qualifier les Merina de "plus grande curiosité de Madagascar"! Une remarque d'autant plus pertinente alors lorsqu'on sait que ce pays est particulièrement riche en manifestations originales. Ne dit-on pas déjà qu'en raison d'un isolement précoce, les deux tiers au moins de la faune et de la flore traditionnelles de l'île sont endémiques et ne se rencontrent nulle part ailleurs au monde!
    * Car tout est effectivement surprenant chez les Merina. Depuis leur type physique que l'on ne s'attend guère à rencontrer dans cette partie de la planète jusqu'à leur histoire et l'ensemble de leur civilisation traditionnelle. Encore faut-il évidemment que l'on en soit informé, ce qui, tout aussi étrangement est loin d'être facile, tant les informations les concernant sont en définitive très rares, ou alors, fortement sujettes à caution et nécessitent de sérieuses précautions avant de pouvoir être utilisées. La preuve en est que bien peu de gens à l'extérieur de Madagascar connaissent l'existence du nom ethnique "merina", pourtant attesté depuis le début du XIVe siècle et rendu officiel depuis le XVIe siècle. Il est vrai que cela s'explique en partie par le fait que l'on confond souvent celui-ci avec l'appellation générique d'origine étrangère "malgache", déformée ensuite en "malagasy" par la prononciation des gens du pays. Mais on se doute bien que les deux réalités ne se recoupent nullement, sauf peut-être sur le plan des embrouilles politiques et le simple fait que beaucoup s'imaginent que c'est le cas montre justement combien la désinformation est phénoménale en la matière.
    * En tout cas, on commence dès lors à comprendre pourquoi le principal groupe ethnique d'un pays sur lequel on a écrit des dizaines de milliers d'ouvrages et d'articles apparaît aussi comme l'un des plus mal connus au monde !


    Les malayo-indonésiens de Madagascar

    * Le premier signe distinctif des Merina est leur aspect physique qui se doit de refléter uniquement une appartenance à la race malaise. Le Merina typique possède ainsi une couleur brune (zarazaza, répondant au sawo matang des Malais d'Asie du Sud-Est!) ou olivâtre, les cheveux ondulés ou droits, les yeux en amande, souvent légèrement bridés, la membrure fine et une taille relativement petite.
    * La langue merina (fiteny merina) est remarquable par la douceur et la musicalité chantonnante de son intonation. Par son vocabulaire de base et sa phonologie, celle-ci se rapproche surtout des langues indigènes du sud-est de Kalimantan (Indonésie) et, par sa syntaxe, des langues de Sulawesi et des Philippines. Ecrite en caractère latin depuis 1823, elle possède une assez riche littérature.
    * Malgré ses origines maritimes, l'adaptation au cadre particulier des hautes terres de Madagascar acheva de transformer la civilisation merina en civilisation montagnarde et paysanne évoluée. Même ainsi si les anciennes maisons princières étaient édifiées en bois, les habitations populaires étaient en terre battue. Les villages (vohitra, répondant au malais bukit, "colline"), perchés en hauteur étaient habituellement entourés de fossés défensifs profonds (ady vory), quelquefois de plusieurs couches. On peut en estimer le nombre des vestiges à 20.000 environ.
    * L'habillement traditionnel était à base de tissu de soie (landy), porté sous forme de toge ou lamba, souvent de couleur blanche. En déplacement, les grands personnages s'abritaient en outre sous des parasols (elo) et étaient portés sur des chaises à porteurs (filanjana).
    * L'alimentation était à base de riz, cultivé dans des rizières aménagées en plaine ou en terrasse. A la suite de vieux héritages ancestraux remontant à la nuit des temps, les paysans merina ont toujours possédé une grande maîtrise des techniques hydrauliques. Dans les régions bien irriguées, ils pouvaient ainsi obtenir facilement deux récoltes annuelles.
    * Les forgerons merina étaient également remarquables pour leur habileté à travailler différents types de métaux (le fer, l'acier, l'or, l'argent, etc.). Pour le travail de la terre, l'outil de base était l'angady, une bêche à longue lame. Les armes les plus fréquemment utilisées étaient le javelot (lefona), le sabre (antsibe), le fouet (japy) et la fronde (antsamotady). Les hommes cultivaient en outre l'art martial du diamanga, analogue au pencak silat malais (et plus loin au "kung-fu" chinois).
    * Dans le domaine musical, on peut noter la prédilection merina pour la cithare tubulaire en bambou ou valiha, ainsi que pour la flûte (sodina). Les chants traditionnels prenaient souvent la forme du rodo-be ou choeur, avec une grande tonalité nostalgique. Les danses mêmes suivaient un rythme lent et langoureux, sauf celle guerrière (tsinjaka) des hommes. Quant aux poèmes ou hain-teny, équivalent du pantun malais, ils témoignent toujours d'une grande délicatesse de sentiment.
    * L'une des coutumes les plus remarquables des Merina est le famadihana ou réinhumation périodique des cendres des défunts, perpétuant de manière un peu particulière la vieille coutume des "doubles funérailles" pratiquée par de nombreux autres peuples malais. On peut également rappeler l'importance exceptionnelle du Fandroana ou "fête du bain sacré", répondant aux diverses "fêtes des eaux" ou du bain, extrêmement répandues en Asie du Sud-Est et en Océanie, jusqu'à ce que les Français n'en décident arbitrairement la suppression.
    * Ce petit tableau nous permet déjà d'entrevoir la grande originalité de cette civilisation merina qui, tout en réussissant à demeurer fidèle au génie de ses origines nusantariennes a toujours su faire preuve d'innovation et d'adaptabilité. Bien de ses aspects continuent ainsi à refléter le passé le plus ancien de l'Asie orientale (et que nous révèle par exemple la restitution de la civilisation de la Chine antique, berceau d'origine justement des peuples nusantariens!) tandis que d'autres, tout en en perpétuant l'esprit, ne se retrouvent nulle part ailleurs au monde. Notons enfin que c'est la civilisation proto-merina qui est également à la base de la culture traditionnelle des différentes populations négroïdes de Madagascar, combinée à l'occasion avec d'autres héritages, notamment africains et arabo-islamiques.


    Une épopée tragique
    'occupation de Madagascar

    * C'est dans la foulée des grandes navigations nusantariennes qui, depuis plusieurs millénaires aboutirent déjà au peuplement des îles d'Asie du Sud-Est et d'Océanie, que des navigateurs originaires d'Indonésie centrale découvrirent vers le début de notre ère l'île de Madagascar. Cette dernière, isolée depuis l'ère secondaire était alors vierge de toute présence humaine. Les premiers émigrants, qui étaient déjà pourtant porteurs d'une civilisation très évoluées (travail des métaux, dont le fer, riziculture savante, tissage de la soie, encadrement monarchique de la société, etc.) semblent avoir vécu de la pêche et de la chasse. Peu à peu, ils pénétrèrent alors dans l'arrière-pays où on pouvait rencontrer des animaux étranges, telle par exemple que l'aepyornis ou vorombe, une autruche géante haute de plus de trois mètres, ou encore le lalomena, un hippopotame nain. Par la suite, ils entreprirent également de fréquenter les côtes africaines où commencaient parallèlement à s'établir les populations bantoues, originaires d'Afrique centrale. Des contacts entre ces nusantariens et les Africains semblent notamment avoir résulté des échanges commerciaux portant, entre autres, sur la traite des esclaves. C'est ainsi en tout cas que dès le VIIIe siècle, les textes chinois font état de la présence chez eux d'esclaves africains (zhengqi) transportés par les navigateurs nusantariens. On peut alors supposer qu'à Madagascar même, le nombre des transplantés involontaires africains (d'où déjà leur adoption de la langue de leurs maîtres !) commença à devenir considérable. C'est cependant par la suite, du fait des trafiquants arabo-musulmans, que les régions côtières de l'île finirent vraiment par en être submergés.

    La mérinisation

    * C'est que, à partir du IX-Xe siècle, après avoir exercé une domination sans partage sur les océans depuis plusieurs millénaires, les nusantariens durent enfin subir la concurrence de la nouvelle puissance maritime de leurs voisins continentaux, en l'occurrence les Chinois et les Indiens. A ceux-ci s'ajoute dans la partie occidentale de l'Océan Indien la pression des Arabo-musulmans qui, après avoir pris le contrôle des côtes africaines commencèrent à se déferler sur le nord et, ensuite, l'est de Madagascar.
    * Ainsi bousculés sans pouvoir compter sur le renfort de leurs cousins d'Asie, les ancêtres des Merina n'eurent d'autres choix que d'entamer une émigration en masse vers l'intérieur des terres. D'après nombre de traditions, l'une des raisons de leur départ était justement le refus de se mélanger avec leurs nouveaux voisins ; en somme, de s'africaniser. Ils y rejoignirent d'autres pionniers de leurs race qui, du fait de leur isolement, paraissent avoir beaucoup régressé sur le plan culturel, d'où l'appellation dépréciative de vazimba ou "inférieurs" qui leur furent ensuite appliquée. Encore que certains indices permettent aussi de penser que ce processus de "mérinisation" se poursuivit en fait durant plusieurs générations pour ne s'achever vraiment qu'à l'aube du XVe siècle.

    L'organisation du Royaume merina

    * Sur les hautes terres, les Merina ne tardèrent à se réorganiser en essayant de restaurer peu à peu leur unité politique. Dans le courant du XVIe siècle, la région du nord-est, gravitant autour d'Antananarivo connut notamment un profond bouleversement sous l'impulsion des trois rois fondateurs : Andriamanelo, Ralambo et Andrianjaka. Parmi les innovations qui auront les plus lourdes conséquences figure alors l'instauration du système andriana-hova, divisant artificiellement le peuple merina en deux groupes de clans astreints chacun à l'endogamie. Dans un premier temps cependant, ceci permit l'émergence d'une véritable caste dirigeante qui put oeuvrer à l'unification du royaume. Pour le foyer du nord-est, cette unité devint enfin effective dans la seconde moitié du XVIIe siècle, sous le règne d'Andriamasinavalona.
    * Malheureusement, l'expérience ne dura qu'un moment et, au XVIIIe siècle, l'Imerina connut de nouveau l'anarchie et une profonde décadence. Et d'autant plus que l'île entière se retrouva en proie à l'insécurité du fait des troubles provoqués par les guerres alimentées par les traitants européens, en particulier français, soucieux de se procurer à bon compte des esclaves et des vivres pour les îles créoles en échange de fusils.

    Andrianampoinimerina et Radama

    * A partir de la dernière décennie du siècle cependant, sous l'impulsion du grand roi Andrianampoinimerina, l'Imerina retrouva son unité et une nouvelle prospérité. Sur cette base se construisit ensuite l'oeuvre de Radama, son fils et successeur qui, profitant de la coopération britannique, entama la modernisation de son peuple tout en imposant la domination merina sur la majeure partie de Madagascar. Le premier, il se vit alors reconnu roi unique de l'île par la Grande Bretagne.
    * Mais la disparition précoce de Radama en 1828 compromit la poursuite de ce véritable meiji à la façon merina. Et d'autant plus que l'aggravation des menaces européennes ne tarda à obliger les nouvelles autorités à prendre des mesures défensives de repli.
    * Même cependant de façon hésitante et dans la crainte constante de l'invasion étrangère, le processus de modernisation continua tant bien que mal, au point de bouleverser peu à peu l'équilibre traditionnel de la société merina. Ces bouleversements concernent en particulier le système des valeurs avec le progrès rapide de la christianisation, favorisé par la scolarisation. Au point que le protestantisme devint à partir de 1869 la religion officielle de la monarchie merina.

    Un royaume aux abois

    * Mais en plus de la menace européenne, en particulier française, la plus grande source de problèmes était pour les Merina le maintien de leur domination sur les régions côtières. En dépit en effet des bénéfices ponctuels que rapportaient le commerce avec l'étranger et les droits de douane, cette domination leur coûtait l'entretien permanente d'une force armée de plusieurs milliers d'hommes, ce qui était apparemment au dessus de leurs moyens. A tel point que, pour essayer de suppléer à la carence de main-d'oeuvre qui en a résulté, ils durent se résoudre à faire venir en Imerina une masse considérable de captifs arrachés aux régions périphériques. C'est de cette manière que les Merina finirent par inonder eux-mêmes leur pays qui, jusque-là en avait été largement préservé, de populations étrangères de race noire!
    * Il faut cependant reconnaître également que la menace constante d'invasion étrangère limitait considérablement leurs marges de manoeuvre. Ainsi, on peut dire que les Merina étaient obligés d'occuper les côtes pour empêcher les Français de s'y établir à leurs dépens, sans compter que c'était pour eux la seule façon de se ménager une ouverture sur le monde extérieur. C'est dire qu'ils étaient davantage encore les prisonniers que les maîtres de leur trop vaste et, finalement, désastreux "empire".
    * La dernière source grave de faiblesse du royaume merina était enfin la division interne due à la sourde rivalité opposant les clans andriana à ceux des Hova pour le contrôle du pouvoir.

    Le ravalement colonial

    * Tout ceci aboutit à la conquête facile de Madagascar par les troupes coloniales françaises à partir de 1895. Pour la France, l'objet d'une vieille convoitise (depuis le XVIIe siècle !) était enfin tombé, sans coup férir, entre ses mains. Paradoxalement en effet, en dépit de toutes les prévisions, les Merina avaient à peine résisté, tant ils étaient las et démoralisés, en grande partie d'ailleurs pour des raisons de politique interne. Sans compter que, vis-à-vis même de l'envahisseur, ils pensaient surtout avoir affaire à une puissance plus "évoluée", ambitionnant d'imposer à leur pays un simple régime de protectorat, ce qui supposait le respect de leur souveraineté intérieure, ainsi qu'une promesse de développement plus rapide. De même, ce genre de considération empêcha ensuite l'élite occidentalisée merina d'appuyer activement l'insurrection populaire des menalamba qui se vit dès lors condamnée à l'échec.
    * Mais, contre toute attente (et ce qu'ils avaient eux-mêmes solennellement promis!), les Français s'empressèrent de consolider leur pouvoir en prenant contre les Merina des mesures radicales, destinées justement à les "ravaler" comme on disait ouvertement à l'époque. En fait, l'objectif des vainqueurs était de détruire à jamais les fondements même de leur nationalité, en en faisant à terme des Français, après les avoir réduit au préalable à l'état de "malgache", de créole afro-asiatique, à l'identité aussi inconsistante que honteuse.
    * Pour ce faire, ils commencèrent par supprimer sans autre forme de procès la vieille monarchie à laquelle tous les Merina étaient viscéralement attachés, tout en exilant brutalement (après l'avoir kidnappée!) la dernière reine. Afin d'anéantir ensuite le moral des opposants qui se référaient avant tout au caractère sacré des mânes royales, ils entreprirent de profaner les cendres des anciens souverains merina par des déplacements intempestifs et des pillages de sépultures! ( Un phénomène apparemment unique dans les annales de la colonisation moderne !). De même, l'ancien palais royal se vit transformé en simple dépôt d'objets de luxe (et non pas véritablement un musée !) dont même la simple visite était interdite, jusqu'en 1946, aux indigènes. Et enfin, pour couronner le tout, les Français mirent sur pied une "académie malgache" chargée de contrôler l'esprit de la nouvelle élite franco-malgachisée en forgeant, sous couvert de culture et de "science", un discours à leur convenance sur l'histoire et la civilisation du pays.

    Le relèvement manqué de l'Après-guerre

    * Après des décennies d'assoupissement, tant ils étaient meurtris, les Merina commencèrent à se réveiller en 1946 en entreprenant de secouer enfin le joug colonial. Encore que l'objectif même du MDRM (Mouvement Démocratique de Rénovation Malgache) qui ambitionnait de les représenter n'était en rien la réhabilitation de la cause merina mais l'instauration d'un système démocratique à l'occidentale, ainsi à terme que la décolonisation de Madagascar.
    * Cela suffit cependant à hérisser le pouvoir colonial qui, pour isoler la résistance merina, entreprit d'organiser les Noirs à l'intérieur d'un parti adverse dévoué à ses intérêts, le Padesm ou Firaisan'ny Tanindrana sy ny Mainty enin-dreny ary ny karazany rehetra eto Madagasikara (Union des Côtiers, des Noirs [de l'Imerina] et assimilés à Madagascar), avant de procéder à la répression proprement dite, en 1947. Bilan, démantèlement du MDRM et 100.000 cadavres environ, tombés directement sous la répression ou à la suite des troubles.
    * Ce désastre acheva de déstabiliser complètement les Merina qui, depuis, ne réussirent plus jamais à retrouver leurs marques. C'est que, en raison de l'impact malgachiste, leurs élites semblaient véritablement atteintes d'une sorte de paralysie mentale, les empêchant même d'avoir une vision un peu lucide de leurs problèmes. Au point que leurs horizons se limitaient en fait à la défense fétichiste de l'"unité nationale", même lorsqu'il était devenu manifeste que celle-ci les condamnait à être exclus définitivement de l'exercice du pouvoir dans leur propre pays, tout en vouant purement et simplement leur peuple à la misère et à l'oppression, en attendant une inéluctable disparition.

    A la merci de la République malgache

    * En 1958, les Français décidèrent d'eux-mêmes l'instauration de la République malgache, à laquelle ils octroyèrent ensuite ce qu'il est d'usage de qualifier d'"indépendance", pour le bénéfice des anciens dirigeants du Padesm. Ainsi supplantés, les Merina durent se cantonner dans une vague opposition de principe, incapable même de formuler la moindre idéologie alternative, pour se contenter de vieille litanie anticolonialiste. C'est que, en raison de leur francisation, ceux qui leur faisaient office de "leaders" n'avaient même plus en fait le courage de revendiquer leur nationalité merina pour au contraire se retrancher derrière le masque aliénant du "malgache"!
    * En 1972, la révolte des jeunes merina ébranla ce pouvoir néo-colonial mais le mouvement n'aboutit qu'à la mise en place, trois ans plus tard, de la dictature marxisante et kleptocratique des militaires noirs dirigés par le capitaine Ratsiraka. Cette fois-ci, les Merina se virent confrontés à une oppression raciale ouverte, le régime s'affichant ostentatoirement "africain", et ce avant tout à leurs dépens. En 1976 d'ailleurs, Ratsiraka fit délibérément incendier le palais d'Andafiavaratra, le second monument du pays, symbolisant un peu l'ancienne domination merina du XIXe siècle. De même, en 1985, il fit massacrer par l'armée les jeunes merina (et betsileo) pratiquant les arts martiaux et qui, en desespoir de cause devant l'indifférence complice de la police, entreprirent de s'organiser d'eux-mêmes pour essayer de protéger un peu la capitale contre le pillage et les assassinats perpétrées sur une grande échelle par des bandes armées noires, agissant pour le compte des milieux au pouvoir.
    * Après une quinzaine d'années de ce régime de terreur et de destruction, comme on n'en a vu depuis la fin de la deuxième guerre mondiale que sur le continent africain ou à Haïti, Madagascar finit par se retrouver complètement ruiné et ravagé, au point d'apparaître comme l'un des pays les plus pauvres au monde!
    * La chute de Ratsiraka en 1993 fit un moment renaître l'espoir mais la plus amère des désenchantements s'ensuivit aussitôt après. Le nouveau pouvoir noir de Zafy Albert s'avérait en effet tout aussi incapable que l'ancien à faire redémarrer la machine étatique dont le moteur semble maintenant définitivement cassé. Le pays continuait tout simplement à s'empêtrer dans l'anarchie et l'économie, déjà chancelante, de s'effondrer, sous l'oeil indifférent du reste du monde.

    Une nation brûlée vive

    * C'est dans cette ambiance particulièrement morbide que survint pour les Merina l'une des plus graves tragédies de toute leur histoire. Le 6 novembre 1995, des hommes de main à la solde des milieux au pouvoir lancèrent des bombes incendiaires contre l'ancien palais royal d'Antananarivo dont tous les bâtiments et l'ensemble des cimetières (abritant les cendres des souverains merina depuis quatre siècles !) furent anéantis sans que les autorités tentèrent de bouger le petit doigt pour s'y opposer, et pour cause! D'un seul coup, les Merina virent partir en fumée les vestiges laissés par plusieurs siècles de leur histoire, pendant que tout ce qu'ils avaient de plus nobles et de plus sacrés étaient ouvertement piétinés par leurs ennemis! Il est en effet manifeste qu'à travers le Rova, c'est la nationalité merina elle-même qui était visée, vouée à l'anéantissement.
    * La première conséquence de cet acte barbare de malveillance, motivé uniquement par la plus mesquine des jalousies est de bouleverser complètement la conscience merina d'eux-mêmes, au point de les obliger enfin à assumer leur véritable identité, quasiment escamotée depuis le début de l'époque coloniale. Pour les Merina qui, désormais s'affichent ouvertement tels, la preuve était maintenant faite que leurs voisins noirs aspirent purement et simplement à les voir disparaître, après les avoir piétinés, et ensuite cannibalisés! Ce qu'ils reprochent aux Merina n'est pas tant ce que leurs ancêtres ont pu faire (du reste, quoi déjà?...) que leur existence actuelle, avec ses caractéristiques distinctives. On en veut aux Merina de ne pas être devenus eux aussi des noirs, de persister dans leur refus à le devenir, ainsi que d'avoir des origines enviées, des ancêtres dont on peut être fier, une histoire malgré tout prestigieuse!...

    Epilogue

    * De toute leur longue histoire, jamais sans doute les Merina ne se sont retrouvés aussi bas, dans une situation aussi périlleuse que maintenant. Ils sont non seulement misérables mais encore piétinés, couverts d'injures, et pour finir, promis purement et simplement à la disparition à brève échéance, que ce soit par le massacre à la façon rwandaise ou par le métissage forcé, destiné à les couper de leur histoire et de leur identité d'origine. Après avoir accaparé leur présent, pour mieux les priver de tout avenir, leurs ennemis tentent tout simplement maintenant de les frustrer du vestige de leur passé, faire comme si celui-ci n'avait jamais existé!...
    * Dès lors, les seules questions qui méritent d'être posées sont pour nous les suivantes : que pourrait-on faire pour empêcher l'accomplissement de ce véritable ethnocide? Qu'est-ce que les Merina eux-mêmes pourraient faire pour s'y opposer, renouer enfin avec la vie en reprenant le fil de leur fabuleuse histoire, incontestablement d'ailleurs l'un des chapitres les plus extraordinaires de celle de l'humanité entière?... Car autrement, le gâchis serait d'autant plus regrettable que, par-delà le crime, Madagascar y perdrait l'aspect le plus intéressant de son originalité, ainsi sans nul doute que toutes chances de pouvoir se développer de lui-même dans un avenir prévisible. Etant donné en effet le rôle de premier plan que les Merina ont toujours joué dans ce pays, et cela depuis les origines, leur élimination de cette manière abjecte ne manquerait de faire perdre à celui-ci, et son âme, et le dynamisme de ses enfants comptant parmi les plus compétents et les plus dévoués. D'ailleurs, personne ne serait en mesure de nier que la principale raison de la déchéance actuelle de Madagascar est justement cette "exclusion" des Merina, écartés donc (en tant que merina, susceptible d'agir véritablement en merina, et non en "malgache", pour le compte du pouvoir colonial ou de sa scandaleuse "maintenance" indigène!) de toute responsabilité effective à l'échelle nationale dans leur propre pays depuis maintenant plus d'un siècle!...

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    Les premiers habitants de la Grande Ile

    La question des premiers habitants de la Grande Ile n’est pas purement académique. Hier avec les “guerres tribales”, aujourd’hui avec les “conflits interethniques”, l’Occident qui se dit porteur de droit, de justice et de paix, s’est forgé ses justifications : pour la conquête et la domination dans le passé colonial, pour l’ingérence et l’intervention dans le présent néo ou post-colonial. Or, s’agissant du monde malgache, on serait tenté de dire que c’est le pompier qui a mis le feu. En effet, contre l’évidence de l’unité linguistique et culturelle de l’île, qui apparaît si fondamentalement austronésienne qu’Alfred Grandidier en vint à y donner aux Noirs une origine mélanésienne (sic), on agite, jusque dans l’actualité la plus brûlante, l’épouvantail d’une “irrémédiable” opposition originelle et raciale entre les Merina déclarés asiatiques et hégémoniques et les “côtiers” déclarés africains et victimes. Et cela mérite bien sûr qu’un effort soit fait non seulement pour comprendre mais aussi pour commencer à rétablir la vérité historique.

    Des premiers habitants de la Grande Île

    En arrivant à Madagascar, île géographiquement africaine où ils ne s’attendaient à trouver qu’un peuple noir, les visiteurs occidentaux du 19e siècle ne pouvaient qu’être surpris et par la variété des types humains et par l’éventail des couleurs de peau, allant du plus sombre au plus clair. Mais ceux d’entre eux qui recherchèrent une explication par l’histoire, ne trouvèrent dans la tradition locale que des récits de faible profondeur historique, s’enfermant de surcroît dans les limites de l’île et l’espace social de chaque groupe concerné. Aussi se laissèrent-ils conduire par la science et les préjugés de leur état ou de leur temps, ou des deux à la fois.
    Missionnaire luthérien norvégien, Lars Dahle, connu pour ses travaux d’ethnologie et de linguistique, fut le premier à poser les fondements de la théorie qui allait faire fortune. Face aux types humains présents à Madagascar, il posa, en 1883, la question de savoir lequel, du type africain ou du type malayo-polynésien, était arrivé en premier. Outre qu’il était de ceux pour lesquels le peuplement d’une île s’expliquait par le continent voisin et à chaque continent correspondait une couleur de peau, sa formation théologique et ses activités missionnaires l’amenèrent à aller chercher dans la Bible son argument décisif en faveur de la primauté des Africains. Et d’expliquer que si les Asiatiques étaient arrivés les premiers, jamais les Noirs n’auraient pu venir s’établir à Madagascar, puisque les Asiatiques, plus intelligents et plus belliqueux, les en auraient empêchés.
    Au contraire, si les Noirs avaient été les premiers, les Asiatiques les auraient facilement vaincus et dominés, puisque selon la malédiction de Noé, les descendants de Cham – reçu pour l’ancêtre des Noirs – ne pouvaient être que les “serviteurs des serviteurs” des descendants de ses frères, Japhet et Sem – respectivement reçus pour l’ancêtre des Européens et celui des Sémites.
    Raciste sous l’autorité de la Bible, Lars Dahle, se voulant néanmoins homme de science, n’entendait formuler qu’une hypothèse, dont il attendait confirmation ou infirmation de recherches à mener ultérieurement à Madagascar et en Afrique. Mais la conquête coloniale française et l’installation d’un nouveau pouvoir allaient conduire à effacer son nom, et à ne retenir de sa réflexion que la conclusion selon laquelle les Noirs africains furent les premiers habitants de la Grande Ile et les Malayo-polynésiens des conquérants venus ultérieurement.
    Transformée en “vérité scientifique”, une fois dégagée de l’argumentaire, cette conclusion put être alors récupérée pour l’action et devenir instrument de conquête et de domination en toute bonne conscience.

    Religion, science et racisme

    En effet, Gallieni et son petit cercle d’officiers ethnologues ayant institué la “politique des races” et repris le “diviser pour régner”, tout se passa comme si, dans l’esprit de la Révolution et à l’image des soldats de l’An II, les soldats de la République Française – et bien évidemment leurs successeurs, militaires ou civils – étaient venus combattre une tyrannie d’“ancien régime” pour libérer et protéger des Africains noirs opprimés par une aristocratie malaise.
    Quant à Gabriel Ferrand, publiant en 1903 la thèse qui allait l’opposer, jusqu’à la rupture, à Alfred Grandidier et sa “thèse asiatique”, tout donne à penser qu’il le fit au minimum pour fixer les idées, et pour consolider cette bonne conscience qui l’avait lui-même animé au début des années 1890, quand, protégé par son statut de diplomate accrédité auprès du Royaume de Madagascar, il mijotait dans sa résidence de Mananjary de former des troupes “côtières” auxiliaires en prévision de la conquête.
    Mais il y a, semble-t-il, bien plus. Car la conclusion à laquelle aboutit Ferrand – et qui allait s’imposer jusque de nos jours, malgré les discussions dont elle fit l’objet parmi les chercheurs au long des décennies – était exactement que seuls étaient asiatiques les types clairs, cependant qu’étaient africains les types noirs, parmi lesquels il distinguait, d’une part, les “Négrilles”, arrivés les premiers et correspondant aux célèbres Vazimba des traditions locales, et d’autre part, les “Bantous” dont il fait les ancêtres des Malgaches à la peau noire d’aujourd’hui. Autrement dit, les Vazimba ayant été, dit-on, massacrés – et les survivants chassés vers des lieux inhospitaliers où ils n’ont pu que s’éteindre –, c’est sans exception, que, types clairs et types noirs confondus, les Malgaches sont donnés pour des êtres ayant un passé entaché par la sauvagerie et les “guerres tribales” à fondement racial.
    Cela étant, le plus grave, à notre sens, réside dans le fait que cette (re)présentation occidentale du monde malgache que l’on crut (que certains continuent de croire) scientifiquement fondée – et que l’on a de ce fait érigée en doctrine des bureaux et des agences administratives qui prétendent décider sans fin, en dogme de différents enseignements qui continuent de s’imposer aux élèves et étudiants, en clef d’interprétation pour la quasi totalité des médias qui entendent “informer”, et en gage de sérieux dans les guides touristiques les plus répandus –, s’est non seulement élaborée en s’enracinant dans le racisme le plus ordinaire de la culture judéo-chrétienne d’Occident, mais en est progressivement venue à polluer jusqu’aux représentations de soi-même de nombre de Malgaches qui ont été soumis à l’acculturation. Et certains, bien évidemment, l’ont intériorisée avec des conséquences catastrophiques, qu’il n’y a plus seulement lieu de craindre puisqu’on peut désormais les constater.

    Dans le monde austronésien occidental

    Pour poser correctement la question embrouillée des premiers habitants de la Grande Ile, sans doute convient-il, avant de se replacer dans le cadre dessiné par les activités économiques austronésiennes, de relever les plus grossières des erreurs que présentent les reconstructions théoriques dont on vient d’avoir un aperçu.
    Inutile naturellement de s’attarder sur l’impertinence scientifique de l’argument biblique de Lars Dahle. En revanche, comment ne pas souligner qu’il fait erreur quand il affirme qu’une poignée de Malayo-polynésiens auraient pu imposer leur langue au reste des Malgaches : l’on sait que, dans une situation de contact telle que celle qu’il imagine, c’est la langue de la majorité vaincue qui l’emporte sur celle de la minorité victorieuse.
    Quant à Ferrand, on rencontre chez lui au moins deux erreurs. Tout d’abord quand, s’en rapportant à la réduction des Vazimba à des nains dans les traditions locales, il a cru pouvoir en inférer une immigration de “Négrilles” d’Afrique, parce qu’il n’avait pas saisi que, strictement symbolique, cette “nanification” les donne tout simplement pour des personnes ayant perdu leur ancien rang dans la société.
    Ensuite, s’agissant des Bantous, les progrès de la recherche permettent aujourd’hui de dire que leur expansion vers l’est, à partir d’une région du centre nord-ouest de l’Afrique, ne les a conduits jusqu’à la mer qu’à la fin du 1er millénaire de notre ère. Ainsi ne peuvent-ils pas avoir précédé les Austronésiens à Madagascar. Cela ne signifie évidemment pas que les premiers habitants de l’île n’ont pas pu compter des Africains noirs parmi eux, mais simplement que ceux-ci, outre qu’ils ne pouvaient être des Bantous, n’auraient pu y arriver, à l’époque, qu’en voyageant sur des embarcations austronésiennes.
    Quoi qu’il en ait été, “Noir” ne signifie pas uniquement africain ou mélanésien, et l’erreur d’Alfred Grandidier sur ce point tenait au fait qu’il ignorait apparemment tout de l’Empire du Champa qui, bien que situé sur le continent, fut, rappelons-le, le centre d’une des grandes thalassocraties du monde austronésien.
    Or, comme en attestent les écrits chinois du 2e siècle, l’aristocratie de l’Empire du Champa était composée de Noirs, bien que le peuple y fût de teint clair. Et de même, peut-on relever que les bas-reliefs des temples d’Angkor au Cambodge, aux 12e et 13e siècles, présentent avec des traits négroïdes les mercenaires chams (habitants du Champa à ne pas confondre avec le fils de Noé!) conducteurs d’éléphants de l’armée khmère.
    Mais ce qui, en l’occurrence, peut laisser perplexe pris entre sourire et fureur c’est que c’est dans les travaux de Gabriel Ferrand sur les Kunlun, travaux d’un orientaliste de renom, que l’on trouve une bonne part des données concernant non seulement le Champa et la navigation austronésienne de l’Antiquité, mais aussi l’une des premières mentions, d’après les sources chinoises, de l’existence, dans le Sud-Ouest de l’océan Indien d’un Kun-lun Zengqi, “pays des hommes noirs venus d’Asie et établis en Afrique de l’Est”.
    Ainsi apparaît-il clairement que c’est à dessein que ne furent pas rectifiées les erreurs diffusées sur les premiers habitants de la Grande Ile, car jamais ni Ferrand ni d’autres malgachisants avant nous n’ont véritablement mené ce travail salutaire.
    Nous reste donc maintenant l’obligation, éthique et scientifique, d’esquisser une reconstruction plus proche de la vérité.
    De fait, à s’en rapporter à l’ensemble des sources disponibles, Madagascar paraît bien avoir été inscrite dans un véritable réseau de commerce maritime s’appuyant sur les productions des pays riverains de l’océan Indien et des mers adjacentes.
    Les premières explorations de la Grande Ile, puis les premiers établissements permanents se seraient ainsi situés dans une région où les Austronésiens étaient présents depuis le pays de Pount, au nord où il est notoire qu’ils avaient le monopole des aromates, jusqu’au sud-est de l’Afrique en passant par l’ancienne Azanie.
    Dans ce monde des deux rives à cheval sur le canal de Mozambique, les premiers témoignages archéologiques trouvés sur le sol malgache n’apparaissent qu’au 5e siècle de notre ère. En revanche, c’est en étudiant des sites d’avant la fin du 1er millénaire avant notre ère que les archéologues admettent que le complexe néolithique sud-est asiatique – avec la diffusion de la poule, du cocotier, du bananier et du taro – avait modifié les conditions alimentaires et démographiques de l’Afrique de l’Est. Et c’est dès avant le 2e siècle de notre ère que tout en notant, dans le Périple de la Mer Erythrée, la présence de ces plantes asiatiques sur la côte africaine, Ptolémée présente les hommes de la région comme étant de grands hommes noirs “aux cheveux frisés” que rien n’interdit plus aujourd’hui de reconnaître pour des Austronésiens depuis qu’on a pu les mettre en relation avec ceux du Champa.

    En quête de “feuilles d’herbes”

    Qu’ils aient été du type malayo-polynésien ou du type cham, ou plus probablement des deux, et qu’ils aient été ou non accompagnés de Noirs d’origine africaine, les premiers Austronésiens qui touchèrent Madagascar, arrivèrent dans une île déserte.
    Tout donne à penser que c’est son très grand intérêt économique qui fait qu’ils s’intéressèrent à cette nouvelle terre, après y avoir reconnu une nature riche des ressources qu’ils avaient l’habitude d’exploiter. Et l’on ne peut que relever qu’avec des termes tels que mandranto, mila ravin’ahitra ou mamanga, le vocabulaire malgache de l’économie traditionnelle continue à utiliser des mots qui ont pris sens dans ces anciennes activités austronésiennes.
    En effet, dérivé du vieux mot austronésien ranto désignant l’estran et la plage, le terme mandranto, qui exprime aujourd’hui le fait de se livrer au commerce itinérant en poussant jusqu’à la côte, désignait dans le monde austronésien le fait de se rendre temporairement sur des rives lointaines pour y chercher fortune, et plus particulièrement pour y exploiter les ressources de l’estran, à commencer par l’ambre et le trépang (aussi appelé holothurie ou concombre de mer). Et c’était alors sur des rives préalablement reconnues que l’on revenait chaque année s’établir le temps d’une campagne de collecte et de fumaison des trépangs, qui étaient destinés à l’exportation vers le marché chinois.
    Relevant du même domaine du commerce d’exportation, l’expression mila ravin’ahitra désigne le fait de parcourir les terres, ou de partir à l’intérieur des terres, en quête de “feuilles d’herbes” pouvant devenir des richesses grâce au commerce des simples, des épices et des aromates.
    Quant à mamanga qui dérive de la racine vanga signifiant “action de vendre”, c’est un mot qui désigne jusqu’à aujourd’hui l’action de migrer temporairement vers des régions lointaines, avec l’espoir de parvenir, avant le retour, à accumuler un certain capital.
    Aux mpandranto et mpila ravin’ahitra austronésiens, végétation et faune de Madagascar offraient un intérêt exceptionnel. Sur les lieux d’arrivée, dans la région de Maroantsetra et sur la côte nord-ouest, les rivages offraient en abondance un ambre et des trépangs – dingadingana en malgache – qui n’avaient jamais été exploités. Quant aux feuilles, racines et écorces sources de richesses, on en trouvait, également en abondance, dans les forêts de la zone au vent de la côte est et dans celles du Sambirano dans le nord-ouest.
    Il était facile de faire l’inventaire des ressources de l’estran du fait même de la topographie des rivages marins. Quant aux potentialités de la flore de l’île, elle ne pouvait faire, au départ, qu’un objet de reconnaissance et d’échantillonnage. Ce n’est sans doute que par la suite, quand furent décidées les installations permanentes, que les premiers colons se livrèrent en outre à la production agricole, fruitière et sylvicole selon les modèles ancestraux d’Asie du Sud-Est et qu’ils importèrent d’Afrique des animaux et des plantes qui augmentèrent leurs ressources alimentaires.

    Jean-Pierre Domenichini et Bakoly D-Ramiaramanana


    Pourquoi Austronésien ?

    Il est un mot auquel le lecteur est déjà habitué, mais qui mérite d’être expliqué autrement que par l’application qui en est faite. Pourquoi parler de langues austronésiennes, alors qu’on les dit habituellement malayo-polynésiennes ? Pourquoi dire que les ancêtres des Malgaches sont Austronésiens, alors que l’on parle d’habitude d’ancêtres malais ou indonésiens ?
    Pour caractériser la famille de langues à laquelle appartient le malgache, on a longtemps utilisé le terme “malayo-polynésien”, mais il a le défaut de ne pas comprendre les langues de la Mélanésie, de la Micronésie, de Taiwan (Formose) et des montagnards d’Indochine.
    Pratiquement, le terme malayo-polynésien excluait surtout les populations noires du Pacifique. Austronésien est déjà plus englobant. “Malayo-polynésien” reste cependant employé avec un sens plus précis. On dira, par exemple, que la langue malgache appartient au rameau hespéronésien (occidental) de la branche malayo-polynésienne de la famille austronésienne.
    D’emploi courant et ancien, le mot “malais” manque de précision. Il désigne les habitants de la Malaisie ou, à l’époque de l’arrivée des Européens, les hommes qui faisaient le commerce maritime entre les îles de l’Insulinde. Quant au terme “indonésien”, il ne convient pas pour les périodes anciennes, puisqu’il a été formé au 19e siècle par les Hollandais pour regrouper dans un même ensemble les colonies qu’ils possédaient dans la région. Le mot fut repris par les indépendantistes au lendemain de la Seconde guerre mondiale.
    Même si certains ancêtres des Malgaches sont partis de terres désormais indonésiennes, ils n’étaient pas Indonésiens. Ce serait un anachronisme comme de dire que le Gaulois Vercingétorix était Français.
    Le vocabulaire fait partie de la trousse d’outils du chercheur. Comme un bon couteau, il doit être bien aiguisé et sa forme adaptée à l’usage prévu. C’est pourquoi il est préférable de parler d’Austronésien et d’Austronésie, comme le font d’ailleurs depuis un siècle les chercheurs allemands et anglophones.
    Il est vrai que le terme austronésien est européo-centré. L’on pourrait tout aussi bien – c’est l’option nationaliste – dire nousantarien en partant du terme “nusantara” par lequel les chercheurs indonésiens désignent l’aire.

    http://www.ile-bourbon.net/



    Dans la chronologie que permet de définir l’état actuel des connaissances dans l’attente notamment de nouveaux travaux d’archéologie et de sciences dont les préoccupations sont tournées vers la période où l’homme était présent dans la Grande Ile , le temps des principautés des embouchures est le plus long, s’étendant au moins sur une douzaine de siècles. La période suivante, que l’on fait commencer au 7e siècle et s’achever à la fin du 11e siècle, marquée par les rivalités de la marine austronésienne, plus que jamais active, et de la marine musulmane, de plus en plus présente, bénéficie localement de plus de sources. Aux données de l’archéologie entendue au sens large s’ajoutent celles de la tradition orale, tant sous la forme de l’histoire conservée par certains groupes que sous celles de “légendes”, d’autant plus recevables que qui dit légende dit implicitement fond historique. Ce fond, c’est à l’historien qu’il appartient de le retrouver par une interprétation appropriée.

    Du temps de Darafify

    La période que nous appelons “temps de Darafify” n’a que très exceptionnellement fait l’objet d’une étude d’ensemble, une telle étude paraissant à beaucoup totalement inconcevable. Or, il s’agit d’une période importante, car c’est elle qui voit l’homme achevant son occupation de l’ensemble de l’île, passant d’une attitude de prédation à celle d’un homme évoluant dans un environnement naturel qui lui était de moins en moins étranger et qu’il allait finir par investir jusque sur le plan sentimental.


    Au début de son occupation de l’île, l’homme s’était installé sur les côtes près des embouchures. Mais il semble bien que telle fut, tout au long de l’histoire, l’attitude des nouveaux arrivants.
    S’agissant de la période de Darafify, si rares soient-elles, les fouilles archéologiques (ensemble d’Irodo dans le Nord-Est, ensemble de la Manambovo dans le Sud) montrent des populations pleinement installées sur la côte et ayant développé diverses activités artisanales (cuillers taillées dans le turbo, marmites et bols en chloritoschiste, marmites, jarres et bols à pied en poterie, etc.).
    Mais l’installation aux embouchures n’était que le prélude aux incursions dans l’intérieur, à la recherche des fameuses “feuilles d’herbes”, bientôt suivies d’établissements de moins en moins temporaires. Et c’est ce que montrent non seulement l’existence de sites mixtes associant des restes d’animaux subfossiles à des traces d’activités humaines, mais aussi certains acquis de cette forme particulière d’archéologie qu’est la palynologie, étude des pollens fossilisés au fond des lacs et des tourbières.
    En effet, des seize sites à subfossiles déjà recensés, quelques-uns de ceux qui ont été datés de façon absolue montrent que l’homme n’était pas seulement présent sur les côtes comme à Irodo-Tafiampatsa (début 8e - fin 9e siècle) ou à Lamboharana (milieu 7e début 9e siècle) entre Tuléar et Morondava, mais qu’il avait aussi pénétré jusque loin dans l’intérieur comme à Ampasambazimba (milieu 9e milieu 10e siècle) sur les Hautes terres centrales.
    Quant à la palynologie, qui avait déjà fait découvrir cette plante d’origine asiatique introduite par l’homme qu’est le chanvre (rongony, jamala), cultivé loin à l’intérieur des terres dès 350 av. J.-C. (à Tritrivakely, dans la région d’Antsirabe), les résultats qu’elle a produits lors des carottages de Kavitaha (dans l’Itasy) l’y montrent aussi présent que le ricin introduit d’Afrique , et ce tout au long de la période de Darafify.

    Des sites dans le Sud et sur les Hautes terres

    D’ailleurs, venant confirmer ces premières données, les fouilles archéologiques nous font au moins connaître des sites d’intérieur dans le Sud et sur les Hautes terres centrales. Dans le premier cas, il s’agit de l’ensemble Andranosoa-Mandan-Refilahatra et ses satellites. Situés sur la Moyenne-Manambovo, près du confluent avec la rivière Andranosoa, ces sites remontent à une période où se rencontraient encore sur les lieux habités les diverses espèces de la faune subfossile et appartiennent à la même culture de sites interfluviaux à enceintes de pierre pratiquant l’élevage des bœufs et des moutons. Plus en amont, dans la Haute-Manambovo, la région de Lambomaty fut, à la même époque semble-t-il, le centre d’une intense activité métallurgique (cuivre et fer).
    Quant aux Hautes terres centrales, il faut au moins citer les fouilles d’Ambohimanana dans la région d’Andramasina (à tout juste 20 km d’Antananarivo à vol d’oiseau) un site dont les datations absolues indiquent qu’il fut créé au plus tard au Xe siècle, et qui est donc le plus ancien des sites fouillés en Imerina.
    C’était, établi sur un sommet, un habitat à fossé qui devint rapidement trop exigu : le premier fossé fut comblé et un nouveau fossé étendit la surface disponible pour ses habitants. Les produits des fouilles, notamment celle du fossé comblé, montrent que l’on y consommait du bœuf (Bos taurus et Bos indicus), du mouton et du potamochère, que l’on y travaillait le fer et que l’on y menait une vie d’où, comme d’ailleurs à Andranosoa, n’était pas absent un certain goût du luxe.

    Du centre ou de la périphérie, les sites d’habitat de cette période qui ont fait l’objet de fouilles méthodiques renvoient, quant à une part de leur culture matérielle, au même monde, précédemment évoqué, qui associe Madagascar et l’Afrique à l’Asie.
    C’est, par exemple, ce que souligne le graphitage sans fonction utilitaire apparente de la poterie, qui est un procédé qu’on ne retrouve, hors de Madagascar, que sur certaines poteries d’Afrique orientale et méridionale, d’une part, et sur celles de l’ancien Champa, dans le domaine austronésien, de l’autre.

    Néanmoins, les relations avec la ou les métropole(s) de l’Asie du Sud-Est, si elles n’avaient pas disparu, avaient commencé à se distendre, à mesure que se développaient sur place des organisations aussi complexes que celles que l’on peut observer à propos d’Andranosoa/Mandan-dRefilahatra.

    Car, outre qu’il se dessine en cette région tout un réseau de relations économiques sur lequel nous aurons à revenir , les archéologues ont solidement établi que les habitants d’Andranosoa appartenaient à une organisation territoriale aux cérémonies rituelles de laquelle participaient différentes agglomérations.

    Et il n’est pas exclu que ce soit dès cette époque que les Malgaches situèrent dans la Grande Ile le “grand nombril” (foibe) ou le “nombril de la terre” (foiben’ny tany), ce lieu où leurs lointains parents d’Asie du Sud-Est situaient l’endroit où les ancêtres célestes avaient posé le pied pour la première fois et qui, dans leur géographie, devenait le centre du monde.
    De fait, la tradition malgache a longtemps retenu l’idée qu’autrefois, un seul royaume rassemblait l’île entière. Si ce n’est l’idéalisation de la conception selon laquelle les souverains étaient les maîtres de l’univers, peut-être est-ce le souvenir d’un système où les principautés relevaient toutes d’une même thalassocratie.

    Quoi qu’il en soit, la tradition orale se souvient, d’une part, d’un ensemble qui, dans l’Est du pays, allait du cap d’Ambre à Fort-Dauphin (Taolañaro), et, d’autre part, dans le Sud-Ouest de l’île, d’une grande unité politique à propos de laquelle on peut signaler par ailleurs qu’un géographe musulman du Xe siècle l’a présentée sous l’autorité d’un Hova.
    Ce fut l’“époque des Géants” et un temps d’expansion. Pour l’Est, le mieux connu de ces géants était Darafify. Que les textes qui rapportent leurs exploits aient été reçus par la critique comme des contes et de simples œuvres d’imagination et de divertissement, ne doit pas nous tromper.
    Pour les anciens à Madagascar, il s’agissait de tantara, c’est-à-dire de récits historiques, et c’est comme tels qu’il nous faut les interpréter. Car, de même que la nanification fut employée pour entériner une condamnation politique à l’oubli nous y reviendrons , de même la géantification fut-elle employée, dans le cas des Darafify et donc aussi de leurs adversaires , pour immortaliser des groupes qui furent si prestigieux que nombre de traditions locales se sont efforcées d’en garder la mémoire.

    De même, concernant le Sud-Ouest, était tantara, malgré ses aspects merveilleux, le cycle de Tsimamangafalahy, dont le héros est un jeune prince dépossédé qui réussit à reconquérir son statut en combattant ses oncles maternels, lesquels se trouvaient à la tête d’une principauté sur la côte africaine.

    Ce que l’on sait des anciens groupes dirigeants, soit grâce à certains tantara comme celui des Ravoaimena Andriamanavanana du Sud-Est, soit grâce à l’analyse des fonctions religieuses comme celles des Antevinany du Nord-Est, montre bien que la culture dans son ensemble restait profondément austronésienne. Les preuves ne manquent pas.
    Ainsi voit-on Rasoabe et Rasoamasay, les deux sœurs qu’épouse Darafify, bénéficier à leur mort d’une sépulture aquatique dans deux grands lacs qui se trouvent entre Toamasina et Brickaville la première épouse étant dans le lac du nord pour marquer sa supériorité sur la seconde, immergée dans le lac du sud.

    Quant à l’histoire de Tsimamangafalahy, on peut en retenir qu’à la mort de ses deux oncles, il leur sacrifiera un chien : c’était encore le sacrifice par excellence, comme il l’est toujours en Insulinde, dans certaines régions qui n’ont pas été islamisées.
    Les tantara font aussi état des conflits politiques auxquels furent mêlés ces grands hommes. C’est ainsi que l’on y voit que si Tsimamangafalahy évolue dans un monde qui défend les valeurs des ancêtres et vise à restaurer un pouvoir légitime, Darafify, en revanche, joue de la tradition pour s’imposer aux anciens pouvoirs, en surenchérissant parfois sur les anciens interdits.

    Les tantara nous apprennent qu’il vainquit une confédération princière symbolisée par une hydre géante (fanany) dans laquelle étaient censées résider les âmes des anciens princes.
    De même rabaissa-t-il les représentants d’autres dynasties du Sud-Est en profanant les sépultures aquatiques, dans un geste qui semble bien trahir ses attaches hors du monde austronésien. Encore que le fait soit rare, nous ne sommes pas les premiers à reconnaître en Darafify un personnage historique. C’est ainsi qu’on a vu Grandidier essayer de le situer en interprétant son nom malgache, et en le recevant comme signifiant “(L’homme) aux joues couleur de datte”.

    Adaptation au contexte international

    En sachant que dara, qui désigne le dattier en tant qu’arbre par excellence dans une région où la datte est une nourriture essentielle, est un nom d’origine persane, on peut être tenté de dire que Darafify était persan, mais peut-être ne faut-il pas aller jusque là.
    Ce qui est sûr, ce sont deux choses. Tout d’abord, c’est que c’est vers la fin du 1er millénaire que le contexte international commence à connaître, dans la grande région qui nous concerne, des changements d’importance (propagation de l’islam et expansion du monde musulman, révoltes serviles de Basse-Mésopotamie, attaque de Qambalou en 845 par des Malgaches et des Austronésiens d’Asie du Sud-Est, massacre des musulmans de Canton en 878, fermeture des détroits entre mer de Chine et Océan Indien par Srivijaya, etc.) qui allaient se répercuter sur les pays riverains, dont évidemment Madagascar.

    Ensuite, c’est que diverses données relatives à cette période font apparaître que la Grande Ile avait alors commencé à entretenir des relations avec les pays riverains du Golfe Persique. C’est ainsi que tous les sites archéologiques maritimes ou ayant un débouché sur la mer recèlent des traces de ces relations, des tessons de poterie importée de la zone arabo-persane au travail du chloritoschiste sans doute emprunté à la tradition artisanale persane.
    Cela n’est évidemment pas pour surprendre quand on sait que le Golfe Persique avait pris la place de la mer Rouge, condamnée par le ralentissement des échanges avec la Méditerranée ; mais on comprend du même coup pourquoi se produisit un certain changement de vocabulaire dans le domaine traditionnel de l’exportation des aromates, épices et simples.
    Ainsi, si la cannelle demeura un produit-phare de ce commerce, ses vieux noms d’origine austronésienne de hazomanitra et de hazomamy se virent adjoindre celui de darasiny dérivant de la dénomination en usage sur le marché persan, laquelle signifiait “bois de Chine” ou “porte de Chine”.

    A s’en rapporter aux noms dont furent baptisés les héros du “cycle de Darafify” (Darafify, Darafely, Darofipy, Fatrapaitanana), loin de s’en tenir à de tels changements de dénomination, l’adaptation du commerce extérieur malgache au nouveau marché alla jusqu’à la promotion des produits qui y étaient particulièrement recherchés.
    Tel fut notamment le cas pour les différentes variétés de poivre sauvage que les spécialistes identifièrent plus tard comme étant “la vraie Cubèbe des Arabes” et dont les Arabo-persans furent d’abord les grands consommateurs, avant d’en être des réexportateurs ; toutes y reçurent des noms tels que voamperifery, tsimperifery, darafilofilo renvoyant à l’indo-européen pipali.
    Il faut de même relever que, dans un monde où l’information circulait apparemment fort bien, les Malgaches surent parfaitement saisir les opportunités, comme lorsqu’ils se mirent à produire du sucre en quantité, dans le Sud-Est. Ce pour l’exporter quand éclatèrent les révoltes serviles dans les plantations de Basse-Mésopotamie au IXe siècle.

    Cela dit, les commerçants de la Grande Ile n’avaient nullement cessé de s’inscrire dans le réseau austronésien, et malgré la fermeture du détroit de Malacca - qui était principalement dirigée contre leurs partenaires arabo-persans -, ils parvenaient eux-mêmes à exporter normalement vers la Chine, qui était le plus grand marché de l’époque.
    C’est ainsi que celui-ci fut très probablement la destination de la fonte et de l’acier produits par les métallurgistes de la vallée de Lambomaty dans le sud de l’île.

    Intégrée au trafic international, Madagascar en subissait forcément les aléas et le commerce extérieur n’engendrait pas une prospérité constante.
    Cependant, le pays ayant déjà développé un marché intérieur, les marchands ne se trouvaient pas automatiquement démunis quand se produisait un repli du commerce international. Les traditions transmises par certains manuscrits arabico-malgaches soulignent que leur attention trouvait, en de tels cas, à se porter notamment sur l’élevage bovin, qui était déjà la principale source de richesse et de prestige dans le pays.

    Jean-Pierre Domenichini et Bakoly D-Ramiaramanana

    L’homme et les subfossiles

    On a longtemps pensé que l’homme était arrivé dans un pays couvert de forêts et qu’avec le feu, il était entièrement responsable de l’apparition des steppes et savanes, qui couvrent maintenant la plupart des régions de Madagascar.
    Ensuite, s’ajoutant à cette modification de l’environnement, la chasse aurait conduit à la disparition des grands oiseaux coureurs (vorompatra), des hippopotames nains (lalomena) et des grands lémuriens qui, en l’absence de grands carnassiers, n’avaient pas encore appris à se mettre à l’abri.
    Mais les études récentes de palynologie cette forme particulière d’archéologie de la vie végétale qui permet aujourd’hui de mieux comprendre les rapports que l’homme a entretenus avec l’environnement naturel montrent que c’est bien avant l’arrivée de l’homme que les changements climatiques avaient été favorables à des feux naturels, durant les périodes sèches.
    Il existait déjà à son arrivée, du moins dans l’Ouest et le Moyen-Ouest, de grandes formations herbacées et des formations végétales qui s’étaient adaptées au feu. Et comme le donne à entendre la paléontologie, archéologie de la vie animale et végétale, la disparition de ces animaux fut seulement accélérée par les activités humaines. De fait, à ce qu’on sait, l’extinction des vertébrés subfossiles qui s’acheva au 10e siècle, commença il y a 3 000 ans et connut deux maxima : l’un il y a 2 000 ans, l’autre il y a 1 200 ans, c’est-à-dire, d’une part, dans les derniers siècles du 1er du millénaire avant notre ère et, d’autre part, à la fin du millénaire suivant.
    Comme le donnent à entendre les sources méditerranéennes et comme le confirme la présence des pollens de cannabis, l’homme était présent dès le premier pic. Ensuite, c’est le développement de ses activités, culture sur brûlis et élevage, qui l'a amené à modifier l’environnement.
    S’agissant de l’élevage, on a pu évoquer le rôle de la chèvre, animal qui détruit assez rapidement le milieu végétal où il broute ; mais en fait, ce rôle n’a pas dû être important, étant donné que son élevage était réservé aux Grands. En revanche, quoiqu’il paisse encore souvent dans les forêts claires, le bœuf a pu avoir, dès cette époque, un rôle important dans la destruction car le développement de son élevage a nécessité l’extension des pâturages, entraînant défrichements et feux de brousse annuels pour provoquer la repousse des herbages.

    http://www.ile-bourbon.net/

     


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