Le rituel de l’alaondrana, alasembana ou alasampona
a pour but d’effacer la parenté entre un jeune homme et une
jeune fille voués au mariage et d’éviter toute malformation
aux enfants.
Que le patrimoine soit foncier et terrestre ou qu’il résulte
d’accumulation du hasina célestiel, les considérations
patrimoniales ont toujours joué un rôle important dans les
stratégies matrimoniales.
Ainsi, lié au souci de l’héritage, s’explique
la pratique plus ou moins fréquente du mariage lova tsy mifindra
dans les groupes dirigeants et du fanjakana tsy afindra chez le groupe
royal. Une expérience multimillénaire avait permis de voir
les éventuels dangers de la consanguinité qu’évoquent
les mots malgaches de sampona, ondrana et sembana. Le rituel de l’alaondrana,
alasembana ou alasampona a pour but d’effacer la parenté
entre un jeune homme et une jeune fille voués au mariage et d’éviter
toute malformation aux enfants.
Malgré son importance dans les groupes gouvernants, les traditions
officielles ne le décrivent pas et, à notre connaissance,
aucune étude ne lui a été consacrée. Aussi
la cérémonie qui, en ce cas, se déroule chez les
andriana de Vohimasina, près d’Ambohimahasoa sur la route
qui joint Antananarivo à Fianarantsoa, présente-t-elle un
grand intérêt.
Pour cette fête, les familles du jeune homme et de la jeune fille
sont invitées. Quand tous sont réunis, un zébu sans
défaut est sacrifié, alors que, dans la maison, un spécialiste
raconte les généalogies. Les deux jeunes sont alors assis
au sud du foyer. Une fois finie l’histoire, ils s’assiéent
près du poteau central en se faisant face, les jambes allongées
de telle sorte que la plante des pieds de l’un touchent celles de
l’autre (mifanipa-dampatra), alors que, selon la coutume, des frères
et sœurs ne doivent pas se donner de coups de pied.
On efface la parenté en déplaçant, d’abord
la panse du bœuf, puis des chaînes d’argent, de la tête
au corps et aux jambes de jeune homme, puis aux jambes, corps et tête
de la jeune fille. Selon les traditionnistes, l’ondrana est ainsi
transféré au cœur du bœuf. Pendant ce temps, l’assistance
chante : « Il n’y a pas à avoir honte ! » (Tsy
mba menatra ô !… ». Puis on les bénit six fois.
Les deux jeunes se transportent alors au nord de la pièce. Ils
étaient des enfants de la maison, ils sont devenus des étrangers
qui rendent visite. Les réjouissances et le repas peuvent alors
commencer. Les deux jeunes garderont les chaînes d’argent
une semaine et ne devront pas traverser de cours d’eau pendant ce
temps.
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