La tradition d'Ambohimalaza
La tradition d'Ambohimalaza qu'utilise la Contribution s'inscrit bien
dans le cadre de la tradition royale et en assume certaines manipulations
de l'histoire qui justifièrent la légitimité
de la dynastie issue d'Andriamanelo. Le fer daterait du règne
d'Andriamanelo et, de celui de Ralambo, l' institution du Fandroana,
ainsi que la consommation de viande de boeuf. Et dans la même
ligne, Andriantompokoindrindra aurait inventé la trano
manara. De l'existence de ces manipulations, l'archéologie
a apporté les preuves.
Par les progrès de la connaissance de l’ancienne
culture matérielle malgache qu’a fournis le développement
de l’archéologie, on sait aujourd’hui de façon
indiscutable qu’Andriamanelo n’a pas inventé
le fer, ni Ralambo la domestication du bœuf. Tout près
d’Andramasina, le haut site à fossés (hadivory)
d’Ambohimanana qu’a fouillé feu David Rasamuel,
a fourni les restes de la consommation alimentaire de la population
qui y habitait : ce sont notamment des os de bovidés sur
lesquels sont visibles les traces des couteaux dont on usait.
M. Rafolo Andrianaivoarivony a fait et rendu publique l’étude
de cette boucherie fine. Or, daté de façon absolue
au Carbone 14, l’occupation d’Ambohimanana a commencé
au plus tard au IXe-Xe siècle apr. J.-C. ce qui en fait
actuellement, pour les Hautes Terres, le site le plus ancien.
Et, trouvés à quatre mètres de profondeur
dans le premier fossé qui avait été ensuite
comblé en servant de fosse à ordures, les restes
de boucherie étaient associés au charbon qui a servi
à la datation. De ce fait, il n’est pas aventureux
de dire que les habitants d’Ambohimanana consommaient la
viande de zébu et utilisaient des instruments en fer sept
siècles avant Andriamanelo et Ralambo !
Jean-Pierre Domenichini
La métallurgie du fer était connue de toute l'Asie du Sud
Est au moment des premières migrations vers Madagascar. Et alors
que I' Asie du Sud Est avait domestique le buffle, le zébu fut
importe d' Afrique et consommé dans la Grande Île. En Imerina
même, à Ambohimanana dans le site le plus ancien actuellement
connu sa fondation remonte au IXe Xe siècle après
J-C, on trouve les vestiges de la boucherie: des os de zébu qui
ont été découpés avec des couteaux en fer.
Andriamanelo n'a pas inventé le fer. Les andriana étaient
d'ailleurs écartés de la métallurgie du fer, car
leur regard était réputé faire fuir et disparaître
le minerai de fer dés lors qu'il l'atteignait. L'interdit du fer
excluait idéalement son utilisation sur les sites andriana et sans
doute interdisait I'usage d'armes de fer contre les andriana eux-mêmes.
Le souvenir de cet interdit est toujours connu dans les campagnes d'Imerina
: convoqués il y a un quart de siècle pour nettoyer le site
d'Antongona, par exemple, les paysans des alentours demandèrent
aux andriana présents s'il leur était permis d'utiliser
couteaux et faucilles. Rappelons également l'interdiction, omniprésente,
de menacer avec un objet en fer (tsy ambanam-by) et cette autre interdiction,
de nature tout aussi religieuse, faite aux Tamby, les métallurgistes
et forgerons d'Imerina, d'utiliser des armes blanches. Que l'on n'ait
pas utilisé le fer dans les affrontements n'implique donc pas qu'il
ait été inconnu. C'était le fady par excellence de
cette terre, comme le disait Razaka, gouverneur de Fenoarivo-Atsinanana,
à Delastelle en 1838: "Hianao Mr Delastelle, mahalala ny fadin'ity
tany ity, fa ny vy no fadiny". Ce qui apparut (niseho) sous Andriamanelo,
c'est la rupture de cet interdit en utilisant des armes de fer sur un
site dont il était exclu, Alasora, et contre des hommes appelés
Vazimba
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