|             
                             
               
               La division de l’Imamo en deux pays 
               Dans les années 1660, un auteur entend pour la  première fois le nom de l’Imamo, associé à celui de l’imerina. C’est alors un  pays peu connu et pourtant d’une importance historique considérable. Au début,  il ne fait qu’un et se trouve sous la domination d’Andriambahoakarainy  (Andriambahoaka père), dont la résidence se trouve à Manazary, près du lac  Itasy. C’est à lui que remontent toutes les généalogies royales de l’Imamo. Et  selon les Tantara ny Andriana eto Madagascar du R.P Callet, c’est également lui  qui aurait fixé la frontière orientale de l’Imamo en accord avec Andriamasinavalona,  alors roi de l’imerina.Les deux monarques s’étaient donné rendez-vous, avaient fixé  vendredi. Ils se rencontrèrent au bord d’un cours d’eau, l’Ombifotsy. Un bœuf  ayant une taille sur l’œil fut abattu. Les deux roi conclurent un traité  d’amitié et se dirent : quand vous descendrez dans mon pays, l’Imamo, vous n’y  serez pas étranger, et quand vous monterez chez moi l’Imerina, vous vous  considéreriez comme le maitre du pays
 Andriambahoakarainy a un fils, Andriampivovo qui réside  aussi Manazary. Il a deux épouses, d’un premier lit nait  Andriampovoanandriamanitra auquel échoit l’Imerina oriental, d’un second lit,  son fils Rarontany reçoit le valafotsy et s’installe à Ambohitraina. Quant à  son neveu Andriampanarafito, il reçoit l’Imamo occidental. Désormais, l’Imamo  est coupé en deux : les rois de l’Imamo oriental seront les descendants  d’Andriampovoanandriamanitra et ceux de l’Imamo occidental, les fils  d’Andriampanarafito.
 Ce dernier a également deux femmes qui donnent simultanément  le jour à deux garçons. Une virulente querelle s’éleva quant au droit  d’ainesse, l’une ayant déclaré la première qu’elle était enceinte mais l’autre  ayant accouchée d’abord. Finalement, le roi en accord avec le peuple déclare  les enfants Kambana mais la dissension n’est pas restée moins vive et une fois  adulte, l’un des jumeaux finit par assassiner l’autre.
 Par la suite, Andriampihovohovo vient au monde. A son tour,  il a trois fils, Andriantsihofa, Andriambandraho et un troisième dont le nom  n’est pas connu mais qui engendre Andriamonja et Andriamba.
 Arrive alors l’époque où Andrianampoinimerina entreprend de  coloniser la grande ile. Voici ce qu’en dit les Tantara : Andriamary fils  d’Andriamonja se rendit à Ambohimanga et déclara qu’il ne serait pas le frère  d’Andrianampoinimerina mais son enfant. Andianampoinimerina lui adressa alors  des paroles d’encouragement : Ne crains rien de moi, tu auras autant de poids  que les autres. Et Andrianampoinimerina laissa à Andriamary le droit de  souveraineté dans son royaume parce qu’il s’était soumis. Et Ambohitrondrano  chef-lieu et résident d’Andriamary fut considéré comme l’une de principales  montagnes.
 Dans l’Imamo oriental, Andriampovonandriamanitra à trois  fils également : Andriamifovoany, Andriantomponifonesandahilehibe et  Andriatomponatsimondramo. Le premier demande mille hommes et mille femmes pour  mener une expédition Ambohibiby, d’où il ne reviendra jamais, le second reçoit  Ambohibeloma et le troisième obtient Arivonimamo et Ambohitrambo.
 Durand deux générations, aucun véritable problème de  succession n’apparait, sauf à Ambohibeloma où éclate un conflit entre deux  prétendants au trône. Andriambepivovo, petit-fils  d’Andriatomponifonesandahilehibe a en effet trois fils. L’ainé lui succède mais  meurt presque aussitôt. Son frère cadet, Andriampoetsakarivo prend alors le  pouvoir. Lorsque le fils de l’ainé Andrianamboarinandriamanitra est en âge de  régner, il demande que, selon la coutume, le trône lui revienne. Son oncle s’y  oppose violemment.
 Le neveux qui n’a pas les moyens de faire valoir ses droits,  va trouver Andrianampoinimerina et en tant qu’hériter légitime de royaume, lui  offre sa soumission. « Cela resta naturellement de pure forme, mais lui permis  néanmoins de conserver son fief d’Ambohibeloma, une fois l’Imamo pacifié.
  Chute de Sahavondronina et capitulation d’Arivonimamo La mer sera la limite de mon royaume. Appliquant sa célèbre  formule, Andrianampoinimerina commence par rassembler sous son autorité tout  l’Imerina. Puis il se tourne vers l’Imamo. La partie occidentale du pays ne lui  oppose aucun obstacle, puisque Andriamary lui fait sa soumission de plein gré.  Le roi de l’Imerina s’en prend alors à l’Imamo oriental.La première véritable bataille se déroule à Sahavondronina  (actuel Ambohimandroso). C’est aussi là qu’a lieu la première défaite de  l’Imamo.
 Situé au sud-est d’Arivonimamo, à proximité immédiate de  l’Ombifotsy, rivière-frontière avec l’Imerina, Sahavondronina se présenta comme  un vaste terre-plein ceint d’un dédale de fossés larges et profonds (Georges  Augustins, assistant de coopération, 1971). A cette époque, un canal souterrain  permet d’inonder tous ces fossés, rendant leur franchissement très périlleux.
 Aujourd’hui, toute construction a disparu du site, mais on  peut encore voir l’entrée d’une multitude de petites grottes qui pouvaient  accueillir chacune une trentaine de personnes. Elles permettaient à la  population de venir s’y cacher en cas d’invasion, échappant ainsi au joug du  vainqueur.
 Lorsqu’Andrianampoinimerina entreprend sa conquête, c’est  Andriamarobasy, fils d’Andriamarotafika et petit-fils Andriambepivovo qui règne  sur l’Imamo oriental.
 Le roi de l’Imerina s’installe avec ses soldats dans un  petit village situé en vis-à-vis de Sahavondronina, mais de l’autre côté de  l’Ombifotsy. De là, il peut observer les mouvements de l’ennemi et établir ses  plans en conséquence. Au même moment, à Sahavondronina, Andriamarobasy  disposait d’un millier d’hommes qu’il répartit en deux groupes égaux, l’un à  l’intérieur de l’enceinte, l’autre à l’extérieur. La disposition du site  permettait de les dissimulait efficacement, l’estimation de leur valeur  défensive devenait ainsi délicate pour l’ennemi ».
 D’après la tradition orale, le siège dure longtemps, six  mois selon les Tantara ny Andriana eto Madagascar du R.P Callet, car de  nombreux assauts ne peuvent venir à bout de cette forteresse presque imprenable.  Les défenseurs lancent du sable brûlant et des projectiles divers sur les  assaillants qui ne peuvent franchir les fossés, bien qu’ils aient tenté à  plusieurs reprises d’y poser des ponts.
 C’est alors qu’Andrianampoinimerina a l’idée de faire  dériver l’eau des fossés vers l’Ombifotsy, grâce à un canal que l’on peut  encore voir en 1971 et qui, si l’on en juge par sa taille, dût nécessiter de  longs travaux. C’est ainsi que les fossés sont asséchés.
 Pressentant l’imminence de la défaite, Andriamarobasy  parvient à s’enfuir deux jours avant la fin des travaux. Il arriva dans le  Valalafotsy où les hommes d’Andrianampoinimerina le découvrirent et le mirent à  mort.
 Les habitants de Sahavondronina, les Iefadreny dont le nom  vient de leur chef, ont la vie sauve. Cependant, Andrianampoinimerina interdit  à quiconque de résider dans cette place forte et ils doivent se déplacer. C’est  pourquoi ils s’installent à Ampahimanga où vivent encore leurs descendants.
 Après la chute de Sahavondronina qui entraîne la  capitulation d’Arivonimamo et des villages avoisinants, Andrianampoinimerina se  rend à Ambohibeloma où réside Andriampoetsakarivo et ses sujets, les  Zanakandriamasoandro. Andriampoetsakarivo renonce finalement à défendre  Ambohibeloma et Andrianampoinimerina s’en empare facilement.
  Leiloza, le jeune prince pervers Après Ambohibeloma et Ambatolevy, Ambohitrambo. l’Imamo  comporte différents sites historiques très intéressants. Ainsi d’Ambohitrambo  qui se présente comme une colline très abrupte, d’accès difficile.Parmi les rois qui s’y succèdent, seul Andriantokanady est  resté dans la mémoire des habitants, précise en 1971 Georges Augustins assistant  de coopération. Selon son informateur, il exerce sa domination sur toute la  région.
 Andriantokanady résidait à Ambohitrambo. Razakaratiana,  l’une de ses proches parentes, habitait à Ambohitrarenina. Le dernier  descendant d’Andriantokanady, Ramahatra, vivait dans un lieu qui portait son  nom, Andramahatra, mot qui désigne également toute la région d’Ambohitrambo.
 Andriatokanady a un fils dénommé Leiloza. Son nom s’explique  par un trait dominant de son caractère. Ce Leiloza aimait à faire souffrir la  population pour le plaisir. Il élevait un troupeau de bœufs. Quelquefois, il  donnait l’ordre de faire monter le bétail sur la colline. Puis sans raison, de  le faire redescendre. De là vient le dicton : Akaro ahidina toy ny andry  ombin’i Leiloza.
 Il y a une autre anecdote sur ce jeune homme dangereux. Quant  à Antongona, village distant de 25 km d’Ambohitrambo, les habitants brûlent  quelque chose généralement, pour annoncer une attaque ennemie, Leiloza  sarcastique déclare : Eteignez le feu d’Antongona, la fumée risquerait de  m’étouffer. Ce qui donne une version du dicton populaire : Efa ho lava ny  afon’Antongona (on en a assez des feux d'Antongona.).
 Une autre version parle d’une épouse royale installée sur  cette colline sacrée qui fait allumer le feu chaque fois qu’elle a la nostalgie  de son souverain. Tant et si bien que lorsque des feux sont allumés pour  annoncer que le Rova est pris d’assaut par des ennemis, plus personne ne s’en  préoccupe.
 Une autre fois, Leiloza fait tresser deux cordes de soie  qui, placées l’une en dessous de l’autre, forment un pont. Il devait enjamber  la contrée séparant Ambohitrambo et Antovanankera, au nord d’Arivonimamo.  Leiloza ordonne à l’un de ses sujets de se rendre à Antovanankera par ce moyen.  Quand celui-ci arrive à bon port, à son tour, il s’engage sur le pont.
 C’est alors que son père s’inquiète : Mon peuple souffrirait  encore plus après ma mort si Leiloza survivait… Et il enjoint à ses hommes de  couper les cordes sitôt que le jeune prince aurait franchi la moitié du  parcours. Le jeune homme fait une chute mortelle. L’endroit où l’on trouva son  corps fut désormais appelé Manjakazaza, lieu où l’enfant règne.
 A l’arrivée des Français colonisateurs, les corps des rois  défunts sont transportés à Ambohitratrenina, hormis celui de Leiloza. Paradoxalement,  ce dernier est depuis 1959-1960, l’objet d’un culte et de sacrifices. D’après  l’informateur de Georges Augustins, ce sont surtout les habitants de régions  éloignées qui viennent ainsi solliciter les faveurs de Leiloza. Ils vont même  jusqu’à réparer son tombeau.
 Sous l’administration française également, l’Etat construit  une route qui mène sur la colline. « Un Vazaha nommé Peter Becke habita là-haut  avec de nombreux soldats. Plus tard, il s’installa à Antatinarivo, un village à  fossés. Après sa mort, un autre Français lui succéda là. Enfin, les Malgaches  ont pu récupérer le terrain et celui qui en fit l’acquisition prétend être un  descendant de Leiloza.
   L’histoire d’un coup de pied de taureau                Ambohitrondrana, Fenoarivo, Betafo…C’est sur ces trois  villages que les notes termineront la présentation succincte de quelques sites  historiques dans l’Imamo, à partir d’un écrit de Georges Augustins, assistant  de coopération (1971).L’origine d’Ambohitrondrana est, selon l’auteur, assez  curieuse. Georges Augustins rapporte la relation d’un natif de Soambazaha,  localité voisine: Là, habitaent des individus nommés Zanakazondrano, gens de  peu d’esprit .Ils prirent le brouillard pour de l’eau et tentèrent d’y nager.  Le résultat est qu’ils tombèrent tous dans un ravin et tentèrent d’y nager. On  les appelait Ondranondrana, gens fous. »
 D’après les « Tantara ny Andriana eto Madagascar » du R.P  Callet, c’est Andriampohovohovo ,de la caste régnante de Zazamarolahy ,qui  règne à Ambohitrondrana .Ce que confirment les informations locales. Lorsqu’ Andrianampoinimerina  entreprend la conquête de l’Imamo, Andriampihovohovo ne sait quelle attitude  prendre: mener le guerre ou se soumettre? Il s’en remet finalement aux augures.
 L’informateur d’Augustins en fait la narration.Il envoie un  taureau en un lieu nommé Ampasanombilahy en déclarant: Si je dois garder mon  royaume, donne un coup de pied vers l’Ouest, mais si c’est Andrianampoinimerina  qui doit régner donne un coup de pied vers l’Est. Et le taureau donna un coup  de pied vers l’Est. Plus tard, on enterre l’animal en ce lieu, d’où le nom  d’Ampasanombilahy, au tombeau du taureau.
 Andriampihovohovo se soumet donc au roi de l’Imerina.  Certaines personnes attribuent le partage des terres sur les bords de  l’Ombifotsy qui ressemble à s’y méprendre à celui fait par Andriamasinavalona  et Andriambahoakarainy aux deux souverains, Andrianampoinimerina et  Andriampihovohovo .
 A propos de Fenoarivo, une curiosité en tant que village,  les anciens déclarent que c’est un certain Rainizafy, venu d’Antongona, dans  l’Imerina, qui s’y installe dans le but d’améliorer ses conditions de vie. Il  construit un fossé qu’il irrigue à partir d’une rivière, mais il meurt avant de  terminer les travaux. Le village compte alors sept cases en tout. A Betafo, un  autre habitant relate l’installation de ses ancêtres.  Andriamboloniolona et Rasoafanomponiolona, sa  femme, étaient originaires de Fieferana, village situé à quelque 20 Kilomètres  au nord de Antananarivo. Ils vinrent ici pour améliorer leurs conditions de vie.
 Ils arrivent d’abord au pied de montagne appelée  Ambohimandrohitra, à l’ouest de Betafo. Là, résident alors les descendants  d’Andriamasoandro  qui refusent de  laisser quiconque s’installer chez eux. Car c’est à peine, disaient-ils, si la  région suffit à nous faire vivre.
 Alors le couple part vers le sud, à une dizaine de kilomètres  de là, où il fonde le village d’ Ambohibo. Mais peu satisfait de l’endroit, au  bout de quelques années, il se déplace vers le nord, cette fois Ambohitrabiby. Là  non plus ,il ne reste pas longtemps et va finalement s’établir à Betafo, le 02 octobre  1713. Ils eurent une fille qui, selon la coutume, avait épousé un homme de même  origine qu’elle, né également à Fieferana.
 Comme on le constate, les informateurs de Georges Augustins  utilisent toujours les termes : ils vinrent ici pour améliorer leurs  conditions de vie. Pour l’auteur, cela laisse à penser, à d’autres éléments, que  le peuplement de l’Imamo et surtout de Fenoarivo et Betafo, ne doit pas être  très ancien.
 Pour conclure son écrit, Georges Augustins mentionne divers  sujets qui méritent d’être approfondis pour pallier la tendance vers un  appauvrissement très sensible des informations par rapport à celles du RP  Callet, et qui risque de s’accentuer. Il est à craindre que d’ici quelques  années, le souvenir de temps anciens ne soit définitivement perdu. Il signale  aussi l’importance de déterminer la répartition, les relations et les zones de  souveraineté des grandes castes Merina Zazamarolahy et Andriamasinavalona.
 Néanmoins, certaines légendes restent très vivantes, telle  la biographie de Leiloza ou les mésaventures tragicomiques des premiers  habitants d’Ambohitrondrana.
 |